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"Saturne" : Sarah Chiche parle aux morts

"L'histoire de la famille de ma mère, je l'ai déjà racontée, ailleurs", écrit Sarah Chiche dans Saturne, un an après la sortie des Enténébrés, le livre qu'elle a consacré à l'histoire tragique de sa branche maternelle. "Mais j'ai caché le cœur de ce qui m'a faite." Dans cette ­seconde ­moitié du drame familial, la plus douloureuse, il y a le père, Harry, astre éphémère : il meurt à 34 ans d'une leucémie. Sa fille n'a que 15 mois. Avant d'expirer, il trace quatre mots sur une ardoise : "Ma femme, ma fille". Amorce de dialogue inachevé, que la romancière et psychanalyste Sarah Chiche consacre sa vie à poursuivre.

Une saga cruelle et romantique

L'histoire de la famille paternelle et du couple parental est une saga cruelle et romantique. Autour du grand malade se pressent deux femmes : sa mère et son épouse, qui se vouent une haine coriace. La femme de Harry est une héroïne très nouvelle vague au passé trouble, irrésistible belle de jour, vulnérable, impitoyable, fatale. Après la mort de l'homme aimé, la mère et la grand-mère de Sarah poursuivent leur duel, se disputant l'amour de l'enfant. Elle, fatalement, se déchire, tournant le dos à une grand-mère chérie, prenant trop tard, épouvantée, la mesure de cette décision.

"L'effondrement qui me laissa pour morte fut la meilleure chose qui puisse arriver à cet individu qui portait mon nom et que j'ai dû tuer de mes propres mains dans une chambre d'hôtel, tant je le haïssais." De sa belle plume grave, Sarah Chiche raconte la dépressio...


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