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Sarkozy désavoué après avoir amendé la procédure de la primaire

PARIS (Reuters) - La Haute autorité chargée du bon déroulement de la primaire à droite a désavoué mercredi Nicolas Sarkozy, qui a braqué ses rivaux en obtenant une modification du mode de scrutin pour les expatriés, et demandé aux instances des Républicains de revenir sur cette question pour permettre "un vote effectif". Lors d'un bureau politique réuni mardi en l'absence de ses principaux concurrents, le président de LR a obtenu que les expatriés ne votent plus par internet mais par bulletin, comme en métropole. La modification a été validée par 47 voix contre quatre, en dépit des arguments du député Thierry Solère, qui supervise l'organisation de la primaire. "Cette position n'est pas celle qui avait été transmise [à la Haute autorité] jusqu'à présent et sur la base de laquelle elle a travaillé", réagit dans un communiqué l'instance présidée par la juriste Anne Levade. La Haute autorité, soumise à une stricte neutralité, souligne toutefois la "décision précipitée" du bureau politique et ajoute "attirer l'attention sur les difficultés propres" à l'organisation d'un scrutin papier pour les expatriés et "aux conséquences qui peuvent en résulter". Elle demande au bureau politique, qui doit se réunir dans 15 jours, de revenir sur le sujet. L'issue du vote ne fait guère de doute en faveur du maintien du vote internet. Le secrétaire général de LR Eric Woerth, proche de Nicolas Sarkozy, a dénoncé une polémique "sans fondement" et estimé que la Haute autorité outrepassait son mandat. "Chacun son rôle, elle ne doit pas s'exprimer sur le contenu des amendements", a-t-il dit sur iTELE. Pour justifier son initiative, Nicolas Sarkozy invoquait le respect du "principe constitutionnel du maintien de l’égalité des citoyens devant le vote." Or le guide électoral de la primaire, paru le 22 avril, stipule que "pour les Français établis hors de France, le scrutin est organisé par voie électronique". La disposition était "en attente du vote d’approbation du bureau politique". Quatre des concurrents de l'ancien chef de l'Etat - Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire, Hervé Mariton - ont saisi mercredi la Haute autorité pour qu'elle tranche ce litige et défendu d'une même voix le vote électronique. LA CLÉ DE LA PARTICIPATION Ce vote surprise, dans une organisation jusqu'ici plutôt consensuelle, est perçue dans les écuries concurrentes comme une manoeuvre de Nicolas Sarkozy pour limiter la participation à un scrutin promis pour l'heure à Alain Juppé. Quelque 1,2 million d'expatriés sont inscrits sur les listes consulaires, un "vivier" notable pour Alain Juppé, notamment, qui souhaite le corps électoral le plus large possible afin de conforter ses chances de victoire. A l'inverse, Nicolas Sarkozy, largement distancé dans les sondages par le maire de Bordeaux, fonde ses espoirs dans le noyau dur des militants qui continuent de le plébisciter malgré une popularité nationale chancelante. A en croire les réactions mercredi de Français de l'étranger sur les réseaux sociaux, l'initiative du président de LR a été très mal prise. "Je ne vois pas au nom de quoi un mec de la Somme devrait faire 40 kilomètres pour aller voter, alors qu'un golden boy de New York n’aurait qu'à appuyer sur un bouton", avait plaidé Nicolas Sarkozy, selon des propos rapportés par l'Opinion. Les états-majors adverses mettent notamment en avant la difficulté d'organiser le vote dans la myriade de pays concernés, dont certains interdisent par ailleurs les scrutins à caractère politique hors des antennes diplomatiques. "En Chine, il y a 35.000 de nos compatriotes qui sont enregistrés sur les listes consulaires et on ne peut pas organiser sur le territoire chinois un vote dans des bureaux de vote", a ainsi relevé Thierry Solère. Frédéric Lefebvre, député LR des Français de l'étranger et candidat à la primaire, a annoncé sur Facebook son intention d'organiser un vote électronique "sous la surveillance d'un huissier" si celui-ci n'est pas rétabli. La question devait également être abordée mercredi lors d'une réunion du comité d'organisation de la primaire. D'ores et déjà, les sarkozystes relativisent cette péripétie. "Le débat se poursuit dans la sérénité, dans l'écoute des uns et des autres. C'est un sujet qu'il faut aborder de façon technique, ce n'est absolument pas un sujet politique", a déclaré Daniel Fasquelle, trésorier de LR, sur iTELE. (Sophie Louet)