Sarkozy épingle les "donneurs de leçons" européens

Nicolas Sarkozy met en garde Emmanuel Macron et les autres tenants du "progressisme" en Europe contre le danger de "s'inscrire en donneurs de leçons" et invite à "entendre ce que disent les peuples" pour ne pas alimenter la "folie" de la division. /Photo prise le 19 septembre 2018/REUTERS/Ludovic Marin

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy met en garde Emmanuel Macron et les autres tenants du "progressisme" en Europe contre le danger de "s'inscrire en donneurs de leçons" et invite à "entendre ce que disent les peuples" pour ne pas alimenter la "folie" de la division.

Dans un long entretien au Point diffusé mardi, l'ancien président ménage toutefois le chef de l'Etat, en exhortant les Français à lui accorder du temps, mais il lui adresse une forme d'avertissement en soulignant que "l'expérience n'est pas un détail".

"Donnons-lui le temps. Les Français s'exprimeront lors des prochaines échéances électorales", déclare-t-il.

Evoquant les élections européennes de mai 2019, Nicolas Sarkozy explique désapprouver la stratégie d'Emmanuel Macron - sans le nommer -, qui a fait de la confrontation entre "populistes" et "progressistes" le principal enjeu du scrutin.

"Le seul chemin acceptable est d'arrêter de parler de populisme et de comprendre la colère ou les frustrations des peuples pour les transformer en énergie positive, pour construire l'avenir de notre continent", juge-t-il.

Faire du Premier ministre hongrois Viktor Orban "un dictateur et un leader de l'extrême droite ne correspond pas à la réalité", estime-t-il. "Il a remporté trois fois les élections. Personne n'a dit qu'elles avaient été truquées. Savez-vous qui est son principal adversaire politique ? L'extrême droite."

"Ne donnons pas de leçons à l'Italie", poursuit-il dans son argumentaire.

"Vous croyez que ce qui arrive là-bas ne peut pas se produire ici ? Les mêmes causes peuvent produire les mêmes effets", prévient-il.

"C'est pourquoi, une fois encore, il est dangereux de s'inscrire en donneurs de leçons. Ne nous figurons pas qu'il existe en Europe des gens intelligents qui mèneraient une 'bonne' politique et d'autres qui n'auraient rien compris", ajoute-t-il.

Se posant en "européen convaincu", Nicolas Sarkozy souligne que "la division est une folie", singulièrement dans le contexte du Brexit. "Il faut entendre ce que disent les peuples : nous voulons l'Europe, mais pas cette Europe. Etre sourd à cette exigence serait irresponsable."

Un plaidoyer contre la division qu'il décline aussi à l'endroit de son ancien ministre des Affaires européennes Laurent Wauquiez, président des Républicains, partisan d'une ligne eurosceptique.

"J'ai dirigé la droite française pendant une douzaine d'années. J'ai réussi à maintenir la cohésion entre les fédéralistes, les eurosceptiques, comme on dit, et les souverainistes. J'ai toujours maintenu l'unité de notre courant", déclare Nicolas Sarkozy.

(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)