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Sargasses et chlordécone pour Macron en Martinique et Guadeloupe

Emmanuel Macron débutera ce mercredi soir un voyage de quatre jours aux Antilles, un an après le passage dévastateur de l’ouragan Irma à Saint-Martin et Saint-Barthélémy. /Photo prise le 25 septembre 2018/REUTERS/Amr Alfiky

FORT-DE-FRANCE, Martinique (Reuters) - Emmanuel Macron débutera ce mercredi soir un voyage de quatre jours aux Antilles, un an après le passage dévastateur de l’ouragan Irma à Saint-Martin et Saint-Barthélémy.

Au chevet des populations sinistrées des deux îles, le 12 septembre 2017, le président français avait promis d’y revenir pour faire le point sur la reconstruction et la pertinence des dispositifs d’aides.

Il commencera en Martinique puis en Guadeloupe son quatrième déplacement en outre-mer, sous deux axes : la proximité (eau, santé, centres-villes et emploi) et l'écologie et le développement durable (pollution, dérèglement climatique et risques naturels).

Emmanuel Macron est très attendu sur le sujet de la contamination des terres et de la population au chlordécone, un pesticide utilisé de 1972 à 1993 dans les bananeraies pour lutter contre le charançon, un insecte qui détruisait les plantations.

Il doit se rendre jeudi soir dans une exploitation agricole du nord de la Martinique pour évoquer les effets du second plan 2014-2020 de 30 millions d’euros (cartographie des sols contaminés, efficacité des contrôles, recherche et prévention).

Autre sujet sensible, l’invasion des algues sargasses qui touche les îles de la Caraïbe depuis les trois vagues massives de 2011, 2015 et 2017-2018.

Trois mois après la venue de l’ancien ministre de la Transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot, et l’annonce d’un plan de 10 millions d’euros sur deux ans, Emmanuel Macron vient voir comment il se décline à Goyave (sud de la Guadeloupe), première commune à avoir signé une convention de gestion des sargasses avec l’Etat.

PROMESSES "NON TENUES"

Pour de nombreux Martiniquais et Guadeloupéens, qui vivent avec des odeurs nauséabondes, voire toxiques au-delà d’un certain seuil, les actions menées pour endiguer le fléau sont insuffisantes.

"Les promesses de Nicolas Hulot n’ont pas été tenues par le gouvernement, tout comme pour le plan climat", dénonce Joël Joseph-Merelix, président de l'Assaupamar.

L’association écologiste martiniquaise appelle à manifester jeudi matin à Fort-de-France, à l’occasion du passage du chef de l'Etat, avec un collectif de syndicats et d’associations diverses.

"L’objectif est d’exprimer notre colère et porter nos revendications sur différents domaines : santé, retraites et personnes âgées, chlordécone, école, sargasses, pouvoir d’achat et droits syndicaux réduits par les ordonnances Macron", précise Philippe Pierre-Charles, secrétaire général de la CDMT (Centrale démocratique martiniquaise du travail).

En Guadeloupe, les syndicats n’entendent pas se mobiliser.

"Cette visite est un non-événement et un coup de communication. Le problème de la distribution de l’eau potable qu’il doit aussi aborder n’est pas réglé depuis 15 ans. La Guadeloupe est au plus bas et le restera après son passage", soutient Elie Domota, secrétaire général du syndicat UGTG, pointant l’empoisonnement au chlordécone, les "dernières attaques" contre l’abattement fiscal outre-mer et la situation de la santé après l’incendie du CHU de Pointe-à-Pitre en 2017.

Avant de s’envoler vers Saint-Martin, Emmanuel Macron a prévu de poser la première pierre du nouveau CHU de Guadeloupe, un ancien projet réactivé d'un montant de 580 millions d’euros.

(Rodolphe Lamy, édité par Yves Clarisse)