Sara Giraudeau, voix fluette et coeur vaillant
Révélée dans le "Bureau des Légendes", Sara Giraudeau incarne la mère d'une fillette victime d'un cancer dans "Tout va bien", une série inspirée d'une histoire vraie qu'a "approchée de près" cette enfant de la balle faussement fragile.
La fille d'Anny Duperey et Bernard Giraudeau continue, à 38 ans, de tracer sa route à l'écran, profitant du "tournant énorme" pris en 2015 avec la série d'espionnage à succès de Canal+, où elle a campé l'inoubliable Marina Loiseau jusqu'en 2020.
"J'ai été assez vite amoureuse du projet", explique dans un entretien à l'AFP cette admiratrice de "l'écriture" fine et "culottée" de Camille de Castelnau, créatrice de "Tout va bien" et co-scénariste du "Bureau des Légendes".
D'autant plus que cette nouvelle série, attendue mercredi sur Disney+, "transcende en fiction" l'histoire familiale de son auteure, dont Sara Giraudeau s'est retrouvée par hasard témoin.
Marraine de l'association le Rire médecin, pourvoyeuse de clowns dans les services pédiatriques, Sara Giraudeau a réalisé en 2018 undocumentairesur cet univers qui la "prend aux tripes depuis longtemps", comme elle l'a rappelé lors d'une conférence de presse.
- clown -
En observation à l'hôpital Robert Debré, elle tombe "amoureuse d'une petite fille" nommée Cerise, puis se rend compte qu'il s'agit de la nièce de Camille de Castelnau.
"Nos liens se sont beaucoup rapprochés à ce moment-là et j'ai suivi l'histoire de Cerise", alors un "petit monstre gonflé" par les traitements "mais avec un regard d'une femme de 70 ans", lance-t-elle, retenant un sanglot. "Ce sont des enfants qui grandissent beaucoup plus vite que les autres".
Pourtant, Camille de Castelnau n'a pas d'emblée pensé à elle pour le rôle de Marion Vasseur, mère en apparence en plein déni et éprise d'un clown dans sa nouvelle série. "Elle avait du mal à se détacher de Marina Loiseau, explique Sara Giraudeau. Mais Eric Rochant, le créateur du "Bureau des Légendes" et réalisateur des deux premiers épisodes de "Tout va bien", l'a convaincue qu'"on pouvait aller plus loin".
"Je ne le remercierais jamais assez", dit-elle à propos du cinéaste qui a ouvert les yeux du milieu sur son potentiel.
"Je faisais énormément de théâtre à l'époque et très peu d'images", relate la lauréate en 2007 du Molière de la Révélation théâtrale pour "La valse des pingouins". "J'en avais marre, je passais des castings, je ne les avais jamais", ajoute-t-elle, estimant avoir pâti d'une voix fluette "très particulière" et d'une personnalité "pas forcément claire", à la fois "lunaire, drôle, forte, dramatique..."
- "lunaire, lucide" -
Lors d'un casting, "il faut que vous dégagiez ce que vous êtes. Si vous avez une petite voix et que vous avez l'air toute douce, il faut que vous soyez fragile, sinon on ne comprend pas", analyse l'actrice, césarisée en 2018 pour son second rôle dans "Petit paysan".
Par chance, c'est justement ce "mélange de tons" qu'Eric Rochant recherchait pour Marina Loiseau, espionne solide et redoutable sous ses airs d'oisillon tombé du nid.
Cette dualité se retrouve chez le personnage de Marion, comme chez son interprète, de "nature aussi lunaire mais très lucide à l'intérieur".
Faire "croire qu'on a cette candeur un peu innocente, cela permet qu'on nous foute la paix parfois" et de "préserver son jardin secret", relève cette réfractaire aux réseaux sociaux.
Sa force s'illustre aussi dans son rapport "très perméable à la mort", qu'elle ne fuit pas, comme pour "réparer" le traumatisme vécu par sa mère, orpheline à 8 ans.
Autre héritage, sa vocation, par laquelle sont happés "inconsciemment de nombreux enfants d'artistes".
Bac littéraire en poche, malgré une phobie scolaire, la comédienne a démarré sur les planches en 2005 dans "Les monologues du vagin", dix ans après une première apparition dans "Les caprices d'un fleuve", le film de son père, décédé en 2010.
Clin d'oeil fortuit à l'histoire familiale, elle donne la réplique dans "Tout va bien" à Bernard Le Coq, époux fictif d'Anny Duperey de 1992 à 2018 dans "Une famille formidable".
"C'était assez fou de se retrouver", reconnaît Sara Giraudeau, partante pour une éventuelle deuxième saison.
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