Publicité

Sanofi débourse 11,6 milliards de dollars pour la biotech américaine Bioverativ

par Pascale Denis

PARIS (Reuters) - Sanofi va débourser 11,6 milliards de dollars (9,5 milliards d'euros) pour s'offrir la biotech américaine Bioverativ et se renforcer dans le traitement des maladies rares.

Le laboratoire français, qui réalise sa plus grosse acquisition depuis l'acquisition de Genzyme en 2011 pour 20 milliards de dollars, va lancer, en accord avec Bioverativ, une offre publique d'achat à 105 dollars par action sur la société, offrant à ses actionnaires une prime de 64% par rapport au cours de clôture de vendredi.

"Avec Bioverativ, un leader sur le marché croissance de l'hémophilie, Sanofi conforte sa présence en médecine de spécialité et son leadership dans les maladies rares, conformément à sa feuille de route 2020", indique lundi Sanofi dans un communiqué.

Spécialisée dans le traitement contre l'hémophilie et d'autres troubles hématologiques rares, Bioverativ a réalisé en 2017 un chiffre d'affaires estimé à 1,17 milliard de dollars, en croissance d'environ 31%, et prévoit de faire progresser ses ventes d'environ 20% en 2018.

La société avait été séparée de Biogen en 2017.

L'opération a toutefois été mal accueillie par le marché qui s'interroge sur le montant de l'opération et les défis concurrentiels du traitement de l'hémophilie.

A 11h31, le titre Sanofi cède 2,74% à 70,95 euros à la Bourse de Paris, alors que le CAC-40 recule de 0,12% au même moment.

A Stockholm, Sobi, partenaire de Bioverativ, bondit en revanche de 9,27%, affichant la 2e plus forte hausse du Stoxx 600.

"Si l'opération est relutive immédiatement, les perspectives à plus long terme ne sont pas très claires, notamment face à la pression concurrentielle du Hemlibra de Roche", commentent les analystes de Képler dans une note.

"RIEN N'EST TRÈS BON MARCHE DANS CE SECTEUR"

Ils soulignent cependant que le rachat de Genzyme, lui aussi sanctionné dans un premier temps par le marché, s'est finalement révélé être un des plus grand succès de Sanofi ces dernières années.

Interrogé sur le prix de l'opération - La valorisation de Bioverativ ressort à 23 fois son Ebitda selon Kepler - Terry Torrison, directeur général de la société de gestion McLaren Securities, estime que "rien n'est très bon marché dans ce secteur", mais que "le prix laisse un peu sceptique".

Les analystes de Jefferies jugent eux aussi le prix "relativement cher" et évoquent la concurrence à venir.

L'hémophilie représente le plus grand marché des maladies rares, avec une croissance attendue de plus de 7% par an entre 2018 et 2022, a précisé le directeur général de Sanofi, Olivier Brandicourt, lors d'une conférence téléphonique.

Il touche 180.000 personnes dans le monde et représente environ 10 milliards de dollars de chiffre d'affaires annuels.

Le directeur financier Jérôme Contamine a quant à lui indiqué que le groupe avait la capacité "de réaliser d'autres acquisitions de même ampleur".

Sanofi reste ainsi, selon les analystes, un candidat potentiel au rachat des activité de santé de Pfizer.

L'opération devrait avoir un effet relutif immédiat sur le bénéfice net par action des activités de Sanofi en 2018 et allant jusqu'à 5% en 2019, a précisé Sanofi.

Le groupe projette également d'obtenir un retour sur capitaux investis supérieur au coût du capital dans un délai de trois ans et s'attend à conserver sa note de crédit.

Sanofi a récemment essuyé le feu de la critique après l'échec de plusieurs opérations de croissance externe. Le français s'est fait souffler l'américain Medivation par Pfizer et le suisse Actelion par Johnson & Johnson.

Ces échecs ont suscité des interrogations sur sa stratégie, certains investisseurs le pressant de réaliser une acquisition pour mieux affronter la pression sur les prix aux Etats-Unis, premier marché mondial de la santé.

L'opération est soumise à diverses conditions, comme l'apport d'au moins la majorité des actions en circulation et l'obtention des autorisations réglementaires.

Elle sera financée en partie par la trésorerie du groupe et en partie par un recours à l'emprunt.

(Pascale Denis, avec la contributuion de Sudip Kar-Gupta, édité par Jean-Michel Bélot)