Sandrine Josso, victime de soumission chimique, interpelle le gouvernement pour continuer la lutte

POLITIQUE - Ne rien lâcher. La députée MoDem Sandrine Josso, victime de soumission chimique, a interpellé ce mardi 8 octobre le gouvernement sur la poursuite de sa mission d’information sur le sujet pour aider à identifier les cas et améliorer ainsi la prise en charge des victimes. Lancée à la demande du gouvernement Attal dans les mois qui ont suivi son agression attribuée au sénateur Joël Guerriau, la mission a été interrompue par la dissolution et la nomination d’un nouveau gouvernement.

Dans la lutte contre les violences faites aux femmes, la soumission chimique est un angle mort

« Monsieur le Premier ministre, dès votre nomination, nous vous avons écrit pour que cette mission d’information soit reconduite immédiatement. Nous le devons, pour toutes les victimes de ce pays, qui ont vu comme moi leur vie basculer après avoir été droguées à leur insu. Pour que cesse enfin ce crime parfait qui ravage, anéantit, détruit, la vie de milliers de Français et de Françaises », a déclaré Sandrine Josso à l’Assemblée.

Sa prise de parole intervient alors que se tient le procès de Marzan (Vaucluse) où 51 hommes dont le mari sont accusés d’avoir violé une femme, Gisèle Pelicot, droguée par son époux. Ce procès est « historique » et permet une « sensibilisation à grande échelle », a déclaré dans un entretien à l’AFP la députée MoDem, également marraine de l’association M’endors pas ! fondée par Caroline Darian, la fille de Gisèle Pelicot. Mais, ajoute-t-elle, « pour bouger les lignes, il faudra des mesures fortes ».

Reconduction de la mission et cellule d’urgence

Sandrine Josso a fini son intervention sous les applaudissements de ses collègues, debout. Et obtenu gain de cause : « La lutte contre les violences sexistes et sexuelles a été érigée en priorité par le Premier ministre Michel Barnier dans sa déclaration de politique générale. (...) C’est la raison pour laquelle, le Premier ministre a décidé de vous nommer à nouveau en mission pour la lutte contre la soumission chimique comme violence faite aux femmes, de même que la sénatrice (RDSE) Véronique Guillotin », a annoncé la secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes Salima Saa.

En parallèle, Salima Saa a annoncé la mise en place d’une cellule d’urgence pour les victimes de soumission chimique, en lien avec le ministère des Solidarités et celui de la Justice notamment. La reconduction de cette mission « permettra d’achever la mission que vous avait confiée Gabriel Attal en avril dernier » et « je serai très attentive aux recommandations que vous proposerez » a ajouté la secrétaire d’État, en évoquant le « kit du lendemain ».

Préconisé par Sandrine Josso et Véronique Guillotin, ce kit délivré en pharmacie sur prescription médicale contiendrait des « flacons pour recueillir l’urine » et les adresses et « toute la marche à suivre » pour accéder à la preuve. « La soumission chimique, c’est le crime parfait. C’est un contre-la-montre pour obtenir des preuves », fait valoir Sandrine Josso à l’AFP. « Très souvent les victimes ne se rappellent de rien » et les substances utilisées « disparaissent très rapidement du sang », souligne-t-elle.

« Il faut que la honte change de camp. Elle le pourra si et seulement si on comprend enfin la douleur des victimes et si on aide tous les professionnels qui les accompagnent pour leur reconnaissance et leur reconstruction », a ajouté l’élue MoDem.

Mis en examen et retrait du Sénat, Joël Guerriau a toujours contesté les accusations. « Certes, des faits me sont reprochés, mais je le répète, je n’ai jamais eu de mauvaise intention à l’égard de Sandrine Josso. Jamais », a-t-il réaffirmé fin septembre dans un entretien à Ouest-France.

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