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Sanders enjoint à la Russie de rester à l'écart de la présidentielle

SANDERS ENJOINT À LA RUSSIE DE RESTER À L'ÉCART DE LA PRÉSIDENTIELLE

par Susan Heavey

WASHINGTON (Reuters) - Bernie Sanders, candidat à l'investiture démocrate pour la présidentielle de novembre prochain aux Etats-Unis, a enjoint à la Russie de ne pas chercher à s'ingérer dans les élections américaines, après que des responsables américains l'ont informé, selon le Washington Post, que Moscou tentait d'aider sa campagne.

Dans un communiqué, le sénateur du Vermont, âgé de 78 ans, indique qu'il ne soucie nullement du candidat que le président russe Vladimir Poutine aimerait voir à la Maison blanche.

"Mon message à Poutine est clair: restez loin des élections américaines, et en tant que président, je m'en assurerai", dit-il.

Le Washington Post, citant des sources proches du dossier, rapporte que des responsables américaines ont informé Bernie Sanders, ainsi que le président Donald Trump et d'autres parlementaires américains, des velléité de la Russie.

On ignore toutefois de quelle manière se serait traduite cette aide, précise le journal.

Ces révélations interviennent à quelques heures des "caucus" du Nevada, troisième étape de la primaire démocrate qui permettra de choisir le candidat du parti qui affrontera Donald Trump le 3 novembre prochain.

Lors d'un meeting à Bakersfield, en Californie, Bernie Sanders a dit à la presse que "la communauté du renseignement nous dit que (les Russes) interfèrent dans cette campagne, maintenant, en 2020".

Des services de renseignement ont dit à des parlementaires américains que la Russie semblait engagée dans une campagne de désinformation et de propagande afin de renforcer les candidatures de Sanders et de Trump, indique-t-on de source parlementaire.

Cette source a toutefois précisé qu'il ne s'agissait que d'une hypothèse.

"ILS TENTENT DE PROVOQUER LE CHAOS,

ILS TENTENT DE SUSCITER LA HAINE"

Sanders a indiqué qu'il en avait été informé il y a un mois environ. L'information lui a été communiquée sous condition de confidentialité, précise-t-on dans son équipe de campagne.

"On nous a dit que la Russie, d'autres pays peut-être, allaient s'impliquer dans cette campagne (...) Ce qu'ils font, cette chose hideuse - et j'ai vu certains de leurs tweets et de leurs matériaux -, c'est d'essayer de nous diviser", a poursuivi le sénateur du Vermont. "Ils tentent de provoquer le chaos, ils tentent de susciter la haine en Amérique."

Dans la journée de vendredi, le Kremlin avait nié toute ingérence dans la campagne présidentielle de 2020 visant à augmenter les chances de réélection de Donald Trump.

"Il ne s'agit que de nouvelles déclarations paranoïaques qui, à notre regret, vont se multiplier à mesure que nous nous approcherons de l'élection. Elles n'ont rien à voir avec la vérité", a dit le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov.

L'élection de Donald Trump, il y a quatre ans, a donné lieu à de multiples enquêtes sur une éventuelle ingérence russe, et les principales agences du renseignement américain, dans une note déclassée en janvier 2017 par Barack Obama avant son départ de la Maison blanche, ont estimé que Moscou avait bien tenté de peser sur l'issue de l'élection au détriment de la démocrate Hillary Clinton.

Jessica Brandt, de l'Alliance pour la protection de la démocratie, une organisation qui surveille les ingérences étrangères dans la vie politique américaine, a rapporté que les médias publics russes et des comptes officiels russes sur les réseaux sociaux amplifiaient les théories du complot prétendant que les instances du Parti démocrate et les médias "corporate" truquent le système pour empêcher une éventuelle investiture de Bernie Sanders.

"Nous pouvons dire avec certitude que c'est ce à quoi le gouvernement russe pousse. Nous voyons depuis un certain temps des canaux russes favoriser la division au sein du Parti démocrate", a-t-elle dit à Reuters.

(avec Simon Lewis à Las Vegas,Makini Brice, Amanda Becker et Jonathan Landay à Washington et Anastasia Teterevleva et Maria Kiselyova à Moscou; version française Arthur Connan et Henri-Pierre André)