Samy Thiébault, le jazz à l’école créole

Sur son septième album, le saxophoniste et flûtiste explore la richesse des rythmes caribéens pour y puiser un souffle envoûtant.

«Ce disque, c’est l’histoire d’une rencontre dans une île improbable où serait né le jazz !» C’est ainsi que Samy Thiébault résume les dix vignettes qui constituent la trame esthétique de son septième album. Tout a commencé en 2014, lorsqu’il entend au Venezuela des musiciens dans un bar. «Ils jouaient un merengue en 5/8, j’avais l’impression d’écouter les développements rythmiques qui se font à New York en ce moment.» C’est un déclic pour le saxophoniste-flûtiste, qui semblait alors toucher les limites d’un jazz trop engoncé dans ses histoires de virtuosité. «Une musique savante qui n’est pas populaire, c’est du vent. Une musique populaire qui n’est pas savante, c’est de la démagogie.» Cet axiome tout personnel sera sa boussole pour tenir le cap dans l’archipel des musiques créolisées, où il plonge corps et âme. Il commence à se documenter, découvre le mento jamaïcain, le son cubain, s’éprend de la biguine… C’est une révélation : sous le vernis d’une évidence mélodique, ces bandes-son dévoilent une rare sophistication rythmique.

Valse. Dans cette quête, Samy Thiébault repart seul entre Miami et Caracas, en passant par Trinidad et Porto Rico. Il se frotte aux musiciens du coin, avec l’humilité de ceux qui ont à prendre, sans jamais oublier qui il est : c’est la seule façon de bien s’entendre. Quand il entend des riffs de calypso, il retrouve les vertiges du be-bop. Dans les roulements de tambours, il perçoit l’âme d’une musique qui parle de l’esprit. Au fil de ces découvertes, toute l’histoire officielle est à déconstruire, pour reconstruire sa propre trajectoire. Le saxophoniste adepte de Coltrane y trouve matière à se réinventer : il compose six titres originaux, dont une Poesia sin fin (allusion à Jodorowsky), qui emprunte les premières mesures de l’obsédante basse de A Love Supreme, et une Santeria, transe modale qui invoque un hymne (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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