Dans « Sambre » sur France 2, cette scène choc de l’épisode 2 s’est vraiment passée comme ça

La série évènement de France 2 sur « le violeur de la Sambre », diffusée depuis le 13 novembre, a beaucoup à dire de notre rapport au viol en France.

Jonathan Turnbull, ici dans le rôle d’Enzo Salina dans la série « Sambre » sur France 2.
France 2 Jonathan Turnbull, ici dans le rôle d’Enzo Salina dans la série « Sambre » sur France 2.

SÉRIES TÉLÉ - Sambre n’est pas une fiction comme une autre. Ce lundi 13 novembre, date de diffusion des deux premiers épisodes de la série évènement de France 2 inspirée de l’affaire du « violeur de la Sambre », une scène a pu en témoigner.

Nous sommes dans le deuxième épisode et Enzo Salina passe une soirée au commissariat avec les policiers – des camarades de foot – pour prendre un verre. Le portrait-robot d’un homme ayant agressé une femme est affiché. Il ressemble comme deux gouttes d’eau à celui du personnage joué par Jonathan Turnbull.

Et pourtant, personne ne fait le rapprochement. Pire, Enzo Salina va jusqu’à poser à côté du dessin, plaisantant sur les ressemblances. « Putain, mais c’est vrai en plus », s’exclame l’un de ses deux copains. « Si tu savais ce qu’il fait ce mec, tu rigolerais moins », ajoute l’autre.

Alice Géraud : « C’est édifiant »

La scène est surréaliste. Et pourtant, elle s’est vraiment passée comme ça dans la vraie vie, comme l’a précisé au cours d’une conférence de presse Alice Géraud, autrice du livre dont s’inspire la série de France 2. Enzo Salina « a d’ailleurs raconté lors de son procès que c’était arrivé à plusieurs reprises, a-t-elle déclaré. Ce portrait-robot, il existait. Et avec le recul, on se rend compte que c’est la photocopie du violeur. C’est édifiant. »

Entre 1988 et 2018, 56 femmes ont été agressées sexuellement au petit matin près de la Sambre, rivière franco-belge. Pendant 30 ans, leur agresseur, surnommé « le violeur de la Sambre » est resté libre de continuer. En cause : un tabou sur les questions de violence sexuelle dans la société et les familles, et les failles du système judiciaire.

« Les policiers avaient refusé de rendre publique la photo, même si elle était dans les commissariats du coin. Ce qui est intéressant, c’est que la Belgique avait récupéré le portrait fait en France et l’avait diffusé », a précisé Alice Géraud, lors de cette même conférence de presse.

Une « forme de déni », pour l’actrice Alix Poisson

L’actrice Alix Poisson, qui joue l’une des victimes dans la série, a elle parlé d’une « forme de déni ». « Pendant très longtemps, nous n’avons pas voulu voir que 95 % des violeurs étaient des personnes tout à fait normales, qui allaient bosser, étaient ponctuelles, avaient une famille, a-t-elle commenté. […] C’est dérangeant parce que si on admet ce postulat de départ, cela veut dire qu’on a tous autour de nous quelqu’un capable de faire ça. »

C’est précisément cela qui est mis en lumière dans la série de France 2 : une analyse de notre rapport au viol en France. Ce lundi, ses deux premiers épisodes ont été regardés par 3,46 millions de téléspectateurs, selon Médiamétrie, soit 18,8 % de l’ensemble du public. Un peu moins que L’Amour est dans le pré sur M6, numéro un des audiences dans la soirée. Les deux prochains épisodes de Sambre seront diffusés à la même heure, lundi prochain.

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