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Salon de l'agriculture : le glyphosate, un sujet qui divise les candidats

Alors que s'ouvre le Salon international de l'agriculture, un sujet semble vraiment diviser parmi les candidats à la présidentielle : l'interdiction ou non du glyphosate.

CAMPAGNE - “Sur le glyphosate, je n’ai pas réussi” admettait Emmanuel Macron dans son entretien au Parisien début janvier. Un acte d’amende honorable, sur un sujet qui divise. Alors que s’ouvre le Salon de l’Agriculture ce samedi 26 février, on ne peut pas dire que l’agriculture soit souvent évoquée dans la campagne.

Et pourtant, les pesticides et plus précisément le sujet d’un éventuel arrêt du glyphosate révèle des différences marquées entre les différents candidats à l’élection présidentielle qui approche. Voici leurs positions.

Un échec “collectif” pour Macron

Emmanuel Macron s’était engagé en novembre 2017 pour une interdiction du glyphosate “au plus tard dans trois ans”. Il avait reconnu en décembre 2020 ne pas avoir réussi à tenir sa promesse, plaidant un échec “collectif”.

Il a admis avoir commis “l’erreur” d’avoir cru la France capable de sortir de ce désherbant seule, sans les autres pays européens. “Certains agriculteurs m’ont dit que si on les obligeait à sortir rapidement, ils allaient mettre la clé sous la porte, parce que leurs concurrents espagnols ou italiens, eux, pouvaient continuer à produire”, a-t-il expliqué.

Depuis, la France s’est fixé pour objectif de sortir de l’essentiel des usages de ce désherbant classé comme “cancérogène probable” par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) en 2021, avant une interdiction totale en 2023.

“Dans un monde idéal” chez Zemmour, Pécresse et Le Pen

Les volets “Environnement” et “Agriculture” du programme d’Éric Zemmour ne font, eux, pas mention d’une interdiction de l’herbicide en France. “On ne supprime bien que ce que l’on remplace”, a résumé Frédéric Poisson, représentant d’Éric Zemmour lors des Controverses de l’Agriculture et de l’Alimentation le 15 février dernier.

Le candidat souhaite par ailleurs dans son programme ramener l’ensemble des normes françaises au niveau des standards européens.

Du côté de Valérie Pécresse, même son de cloche : ”Avec moi, il n’y aura pas d’interdiction sans solution”, affirmait la candidate début janvier. “La surtransposition du droit européen est un boulet aux pieds des agriculteurs et les gouvernements l’ont encore alourdi avec des interdictions franco-françaises, affirmait-elle. Le glyphosate est la meilleure illustration.”

Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national, ne fait aucune mention de l’écologie ou de l’environnement dans ses “22 mesures pour la France”. Ni de pesticides ou de glyphosate dans la partie concernant les agriculteurs.

Lors des Controverses de l’Agriculture et de l’Alimentation, Gilles Lebreton, député européen du groupe identité et démocratie, qui représentait la cheffe du RN, a affirmé : “Dans un monde idéal, il ne faudrait pas de produits phytosanitaires mais on en a besoin. On ne peut pas les supprimer sans solution raisonnable.”

Roussel pour des “produits alternatifs”

Fabien Roussel, candidat du Parti communiste français (PCF), affirme pour sa part qu’il “faut sortir du glyphosate et à terme arrêter les pesticides”. Mais pour ce faire, “il faut investir beaucoup plus fortement dans la recherche sur les produits alternatifs”, avance-t-il, soulignant également la nécessité d’accompagner les agriculteurs dans cette transition.

Mélenchon, Jadot et Hidalgo pour dire stop

Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France Insoumise, est lui partisan d’une “interdiction immédiate du glyphosate”. Il propose aussi l’arrêt immédiat des néonicotinoïdes.

Sans surprise, le candidat écologiste Yannick Jadot souhaite aussi l’interdiction des néonicotinoïdes, du glyphosate, des fongicides SDHI (pour “succinate dehydrogenase inhibitor”, “inhibiteurs de la succinate déshydrogénase”) et de “tous les pesticides cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques et perturbateurs endocriniens notoirement dangereux pour la santé et la biodiversité”.

Dans ses propositions, Anne Hidalgo veut instaurer “un nouveau modèle agricole pour tous”, “l’agroécologie”. Elle se donne 100 jours pour interdire le glyphosate et les néonicotinoïdes. Sur ce sujet, elle envisage également une “gouvernance scientifique et démocratique renouvelée dans l’encadrement des produits phytosanitaires”.

Le sujet du glyphosate risque de vite revenir sur le devant de la scène, pour celui ou celle qui sera au pouvoir lors du prochain mandat: l’autorisation européenne expire le 15 décembre 2022. D’ici là, la Commission européenne et les États membres devront décider du renouvellement ou non de l’homologation du glyphosate dans l’UE.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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