Salman Rushdie ou le symbole de notre aveuglement

Samedi, l'attaque contre Salman Rushdie faisait la une du quotidien iranien « Vatan-e Emrooz ».  - Credit:ATTA KENARE / AFP
Samedi, l'attaque contre Salman Rushdie faisait la une du quotidien iranien « Vatan-e Emrooz ». - Credit:ATTA KENARE / AFP

Les islamistes n'oublient jamais. Nous, si. L'agression de Salman Rushdie nous oblige à regarder en face ce qui constitue l'une des principales faiblesses des démocraties occidentales dans la lutte contre l'islam politique. Les djihadistes se sont engagés dans un combat qui se joue pour eux sur des décennies, voire des siècles. Peu leur importe que trente années passent avant l'exécution programmée d'un être humain. L'essentiel est d'affronter encore et toujours des régimes qui refusent de soumettre l'individu à une idéologie totalitaire. De ce fait, il n'y a rien de vraiment surprenant dans ce triste événement.

En revanche, ce qui ne cesse d'être préoccupant réside dans notre désarmement psychologique qui fragilise en permanence notre capacité à apporter une réponse pertinente à la violence islamiste. En l'occurrence, ici, la décision du centre culturel de Chautauqua de ne pas installer de dispositif particulier de protection pour sécuriser la conférence de l'écrivain, pourtant menacé depuis trente ans. Cette imperméabilité au monde pose question. Quelles motivations peuvent expliquer cette légèreté ? On comprend bien l'argument de surface, certes, celui de ne pas installer de distance entre le conférencier et le public, afin de ne pas mettre à mal la convivialité de ce type d'événement. Mais quid de la véritable dynamique intellectuelle et psychologique qui permet de privilégier « l'impératif » de décontraction des relations avec la salle sur l'évidence d [...] Lire la suite