Salman Rushdie poignardé: son assaillant était revenu "changé" d'un voyage au Liban, selon sa mère

Salman Rushdie poignardé: son assaillant était revenu "changé" d'un voyage au Liban, selon sa mère

Dans un entretien accordé dimanche au quotidien britannique le Daily Mail, Silvana Fardos, la mère d'Hadi Matar, auteur des coups de couteau portés contre l'écrivain Salman Rushdie vendredi dernier dans l'Etat de New York, a déclaré que son fils avait basculé dans l'intégrisme religieux à l'issue d'un séjour d'un mois au Liban en 2018.

L'agresseur présumé de l'écrivain Salman Rushdie était revenu "changé" et bien plus religieux d'un voyage en 2018 au Liban, pays d'origine de sa famille, a affirmé sa mère au site internet du Daily Mail.

Hadi Matar, un Américain de 24 ans inculpé de "tentative de meurtre et agression" pour avoir poignardé l'auteur des Versets sataniques vendredi dans l'est de l'État de New York, vivait avec sa mère à Fairview, dans le New Jersey, sur la rive de la rivière Hudson opposée à Manhattan.

Au sous-sol

Silvana Fardos, qui vit aux États-Unis depuis 26 ans, a indiqué au site que son fils était allé au Liban en 2018 pour rendre visite à son père. Les parents, tous deux Libanais chiites, avaient divorcé en 2004. D'après la mère de famille, le séjour, long d'un mois, ne s'était pas déroulé sous de bons auspices: "Dès son arrivée, il m'a appelée, pour revenir. Il est resté 28 jours mais le voyage ne s'est pas bien passé avec son père, il se sentait très seul".

Une expérience qui a toutefois profondément marqué la personnalité du jeune homme, selon Silvana Fardos: "Je m'attendais à ce qu'il revienne motivé, qu'il termine ses études, qu'il obtienne son diplôme et décroche un emploi. Mais au lieu de cela, il s'est enfermé dans (sa chambre) en sous-sol. Il avait beaucoup changé, il ne nous a rien dit, à moi ou à ses soeurs, pendant des mois", a-t-elle dit.

"Une fois, il s'est disputé avec moi et m'a demandé pourquoi je l'avais encouragé à faire des études plutôt qu'à se concentrer sur la religion", a ajouté cette assistante d'éducation de 46 ans, également interprète arabe-anglais dans un lycée.

"Mes filles sont bouleversées"

Se disant "désolée pour M. Rushdie", dont elle ignorait tout avant cette attaque, elle a assuré ne pas s'occuper de politique, a nié connaître qui que ce soit en Iran et jugé que son fils était "responsable de ses actes".

"Je ne peux pas le croire capable d'avoir fait un truc pareil. Il était si calme, tout le monde l'aimait. Comme je l'ai dit au FBI, je ne prendrai pas la peine de lui parler à l'avenir", a-t-elle même ajouté, expliquant: "J'ai deux mineures à charge dont je dois m'occuper (elle est la mère de deux jumelles âgées de 14 ans, NDLR). Elles sont bouleversées, choquées. La seule chose qu'on puisse faire, c'est d'essayer d'aller de l'avant, sans lui".

La police fédérale (FBI) a perquisitionné le logement de son fils et a notamment saisi des armes blanches, un ordinateur et des livres, selon elle.

L'Iran nie toute responsabilité

Poignardé une dizaine de fois au cou et à l'abdomen, Salman Rushdie, 75 ans, a vu son état de santé s'améliorer, selon ses proches.

L'Iran, après trois jours de silence, a nié lundi "catégoriquement" toute implication dans l'attaque et en a rejeté la responsabilité sur l'auteur, 33 ans après la fatwa de l'ayatollah Khomeiny le condamnant à mort. Salman Rushdie avait embrasé une partie du monde musulman avec la publication en 1988 des Versets sataniques, roman jugé par les plus rigoristes comme blasphématoire à l'encontre du Coran et du prophète Mahomet.

Article original publié sur BFMTV.com

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