Le Sahara subit des inondations record, et les répercussions sont visibles du ciel
ENVIRONNEMENT - Les pluies diluviennes n’épargent aucune région du monde, pas même le désert. Alors que l’Europe centrale et orientale , tout comme la France, a vécu un été marqué par une météo extrême, le Sahara a lui aussi été touché par des précipitations inhabituelles au cours dernières semaines, entraînant des inondations qui ont meurtri certains pays africains.
À titre d’exemple, les intempéries ont fait 11 morts dans le sud du Maroc. Au Cameroun, le ministère de la Santé du Cameroun redoute de « grands dangers sanitaires » pour les populations au nord, après les pluies diluviennes qui s’y sont abattues depuis la fin du mois d’août. Dans d’autres pays, comme le Soudan, les inondations ont aggravé une situation humanitaire déjà précaire.
Comme vous pouvez le voir dans la vidéo en tête d’article, des images captées par des satellites de la NASA avant et après ces pluies montrent le verdissement d’une partie du désert vu de l’espace au cours des dernières semaines. La comparaison avec des prises de vues à la même date, en 2023, ne laisse aucun doute sur les conséquences du temps plus humide cette année sur la végétation.
« Maisse d’air instable »
En temps normal, la mousson apporte des précipitations accrues de juillet à septembre sur le continent africain, sur sa partie située tout juste au nord de l’équateur terrestre. Le phénomène survient lorsque l’humidité et l’air tropicale du milieu du continent rencontre la chaleur et l’air sec présentes plus au nord, provoquant du temps orageux.
Cet été, ce point de rencontre, appelé « Zone de convergence intertropicale » ou « Front intertropical (FIT), s’est déplacé plus au nord, entraînant des pluies plus importantes dans des zones désertiques du Niger, du Tchad, du Soudan ou même du sud de l’Algérie et du Maroc.
Certaines zones de l’Atlas sont touchées « par une masse d’air tropical extrêmement instable, en raison de la position exceptionnelle du Front intertropical (FIT) sur le sud du pays », a expliqué à l’AFP le porte-parole de la Direction générale de la météorologie au Maroc, Lhoussaine Youabd.
« Des masses d’air tropicales humides se sont déplacées vers le nord, rencontrant des masses d’air froid, ce qui a entraîné la formation de nuages instables et violents », a-t-il souligné. Ces conditions inhabituelles pour ces régions ont provoqué « de fortes averses orageuses et des précipitations importantes, entraînant des crues de rivières » et des inondations, a poursuivi le responsable.
Dérèglement climatique ?
Interviewé par CNN, le météorologiste allemand Karsten Haustein avance deux causes possibles à cette position inhabituelle du FIT : le passage cette année du phénomène El Niño à La Niña, qui peut apporter des conditions plus humides en Afrique de l’ouest et centrale, ou encore le dérèglement climatique.
En effet, « la Zone de convergence intertropicale, qui rend (une partie de l’Afrique) plus verdoyante, se déplace vers le nord avec le réchauffement de notre planète. En tous cas, c’est ce que la plupart des analyses démontrent », a affirmé le chercheur à l’Université de Leipzig en Allemagne, en référence notamment à une étude plubliée en mai dernier dans la revue Nature sur le sujet.
L’été 2024 a été le plus chaud jamais mesuré sur la planète, avec des records de températures s’enchaînent sans faiblir depuis plus d’un an et leur cortège de canicules, de sécheresses ou d’inondations meurtrières alimentées par un réchauffement climatique sans répit.
Dans la région du Sahara, les derniers bilans disponibles font état de 341 morts et d’un million et demi de sinistrés au Tchad, de plus de 650.000 personnes déplacées au Niger, d’au moins 400.000 personnes déplacées au Nigeria où l’on déplore au moins 30 morts, et de plus de 700.000 sinistrés au Soudan du Sud, un des pays les plus pauvres du monde.
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