“Sacré bleu !” Les Français délaissent le plateau de fromages

Le camembert de Normandie, fromage français par excellence, fait partie des produits en crise.

Quand un “Sacré bleu !” précède un titre dans la presse outre-Manche, il est presque certain qu’un danger quelconque plane sur l’Hexagone. Cette fois-ci, au pays du général de Gaulle, c’est le fromage qui suscite l’inquiétude, selon le britannique The Times. Et plus précisément, le plateau garni d’AOC non pasteurisés. “Sacré bleu ! La France déplore le déclin du plateau de fromages traditionnel”, titre le quotidien conservateur.

Adam Sage, le correspondant parisien du journal, revient sur une récente étude du cabinet Nielsen. Seuls un tiers – 35 % – des Français posent encore régulièrement un plateau de fromages sur leur table lors des repas.

Selon l’étude, les fromages de dégustation se vendent moins. Pourtant, la quantité consommée par tête en France reste stable : 27 kilogrammes par an et par personne, rappelle le Times. Plus du double des Britanniques ! Ce chiffre s’explique par un changement d’habitudes alimentaires.

De profondes divisions sociales

“Les gastronomes français ont considéré pendant des générations le plateau de fromages non seulement comme le clou du repas, mais encore comme un symbole de l’identité nationale”, écrit le journaliste. Mais aujourd’hui, la nouvelle génération préfère intégrer le fromage dans les repas, en l’utilisant râpé, haché, cuit, en tant que simple ingrédient dans les plats principaux ou lors de l’apéritif. Conséquence : le triomphe commercial des valeurs sûres pour les salades ou les pizzas, la mozzarella et l’emmental ; mais un déclin flagrant du côté des camembert, fourme d’Ambert, chevrotin, langres ou munster, qui tendent à se déguster, précise le journal, avec un verre de vin.

“Ce changement met à nu de profondes divisions sociales. D’un côté, les puristes déplorent un déclin dû à la disparition de la culture gastronomique et aux effets de campagnes sanitaires visant à annihiler ces fromages non pasteurisés, qui constituent pour eux un pilier du patrimoine français. De l’autre, les dirigeants des grands groupes se félicitent d’avoir su s’adapter aux nouvelles habitudes de consommation de fromage.”

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