Sabotages, évacuations... Ces signes qui peuvent indiquer que la contre-offensive ukrainienne approche

Cela fait des mois qu'elle est annoncée. Alors que le ministre ukrainien de la Défense, Oleksiï Reznikov, a affirmé vendredi dernier que les préparatifs pour la contre-offensive de Kiev "touchent à leur fin", certains éléments semblent lui donner raison.

Afin de mener à bien une contre-offensive, "il faut préparer les soldats, le matériel, les munitions et le flux logistique" et disposer de suffisamment de renseignements sur l'adversaire, explique le général Jérôme Pellistrandi, consultant défense BFMTV. "Cela demande une planification extrêmement rigoureuse", ajoute-t-il, comparant l'ensemble requis à un "puzzle".

Des sabotages sur le sol russe

Vient ensuite une "phase de modelage du terrain", avec des attaques visant l'"intérieur du dispositif ennemi", dans le domaine de la logistique par exemple, décrit à BFMTV.com le colonel Michel Goya. L'Ukraine semble être entrée dans cette étape de la préparation.

Depuis près d'une semaine, une série d'attaques de drones et des sabotages ferroviaires non revendiqués ont frappé des régions russes proches de l'Ukraine et la Crimée annexée. Vendredi, un nouvel incendie s'est déclaré dans le sud-ouest de la Russie, près de l'Ukraine, dans une raffinerie de pétrole visée la veille par une attaque de drone, ont indiqué les services de secours locaux, cités par les agences de presse russes.

Dans son point quotidien dédié aux renseignements sur la guerre en Ukraine, le ministère britannique de la Défense estimait jeudi que "la perturbation du réseau de stockage et de distribution de carburant obligera probablement la Russie à adapter ses opérations de ravitaillement en carburant militaire afin d'atténuer le ciblage".

"En frappant ces installations, ils fragilisent la logistique russe et donc le système de défense russe", appuie le général Pellistrandi.

Les autorités russes fébriles

Le rédacteur en chef de la Revue Défense Nationale observe aussi une certaine "fébrilité" du côté russe. Le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, a affirmé vendredi, dans une vidéo publié sur Telegram, que ses troupes seraient contraintes de se retirer le 10 mai de la ville de Bakhmout, épicentre des combats dans l'est de l'Ukraine, à cause d'un manque de munitions imputé à l'armée. Il n'a pas précisé s'il s'agissait d'un ultimatum envoyé aux autorités russes ou d'une annonce ferme.

La même journée, le responsable de la région occupée de Zaporijia, dans le sud de l'Ukraine, a annoncé une évacuation partielle de 18 localités du secteur. "Ces derniers jours, l'ennemi a accentué les bombardements sur les localités situées à proximité directe de la ligne de contact", a justifié sur Telegram Evguéni Balitski.

Une nouvelle aide militaire à la demande de l'Ukraine

Cette contre-offensive va bénéficier de l'aide militaire occidentale, avec du matériel qui peut faire la différence contre des armes traditionnelles russes, selon le général Pellistrandi. Les Etats-Unis ont annoncé mercredi un nouvel envoi d'aide militaire d'un montant de 300 millions de dollars à l'Ukraine, principalement des munitions pour l'artillerie.

Cette annonce "fait suite à un travail poussé du gouvernement américain pour répondre aux demandes de l'Ukraine avant la contre-offensive qu'elle envisage", a indiqué Karine Jean-Pierre, la porte-parole de l'exécutif américain.

Une opération de communication?

Cette déclaration intervient alors que l'Ukraine clame depuis plusieurs semaines qu'une contre-offensive de sa part approche. Pour autant, sa préparation peut "durer très longtemps", selon Michel Goya. Finalement, toute cette communication est aussi en partie cela: de la communication.

L'objectif est de "masquer autant que possible la date et les lieux précis de l'opération pour maintenir l'incertitude chez l'ennemi", explique le consultant défense de BFMTV. "Tout le monde sait que l'opération va commencer à un moment. Si vous l'annoncez tous les jours, vous ne l'annoncez jamais"

"C'est usant pour le défenseur de toujours penser être attaqué le lendemain sans que rien ne se passe", développe-t-il.

Le général Pellistrandi voit aussi deux autres cibles dans ces déclarations: "l'opinion publique ukrainienne" en raison d'un "risque de lassitude" face à la guerre, et "l'opinion publique européenne et américaine, pour montrer que leur matériel militaire va être utilisé".

Article original publié sur BFMTV.com