Dans « Sœurs de plainte », Alizée Vincent enquête sur les liens entre victimes d’un même agresseur

ENQUÊTE - « Sœur de plainte », c’est le terme qu’a trouvé la journaliste Alizée Vincent pour qualifier la relation si spécifique qui se noue entre deux victimes d’un même agresseur. Un lien qu’elle connaît bien, puisqu’elle a elle-même une sœur de plainte, qui « a énormément contribué à [son] processus de guérison ». Cette relation, mais aussi des dizaines d’autres affaires d’agressions sexistes et sexuelles, sur lesquelles la journaliste a enquêté, nourrissent son livre, qui sort le 2 octobre 2024 aux éditions Stock.

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Si la journaliste d’Arrêt sur Image a voulu travailler sur ce sujet, c’est pour parler d’une forme de relation qui n’avait jusqu’ici été explorée ni dans les médias, ni dans les livres : ce lien très intime entre les victimes d’un agresseur commun. « Mes sources spontanément utilisent le terme de “sœurs” », raconte la journaliste dans la vidéo en tête de l’article.

Une relation intime et judiciaire

« Cette relation de sœurs de plainte offre un horizon de réparation possible sur une base horrible », explique-t-elle. Dans son livre, elle détaille les nuances de ce lien si particulier, qui a un impact aussi bien intime que judiciaire sur la vie de ces femmes et hommes (que la journaliste nomme « frères de plainte »).

Alizée Vincent a elle-même une sœur de plainte qui l’a contactée pour évoquer un ex-petit ami qu’elles avaient en commun. Au fil du livre, elle raconte comment un lien s’est tissé entre les deux femmes, et comment, « avec chacune son tempo », elles ont finalement porté plainte.

La journaliste a aussi voulu explorer l’importance des sœurs de plainte sur les procédures judiciaires elles-mêmes. Si la multiplicité de témoignages et/ou de plaintes envers une même personne est souvent perçue comme un élément qui permet de solidifier un dossier, cela n’a pas toujours d’impact sur les conclusions de l’affaire.

Dans le cas d’Alizée Vincent, le témoignage de sa co-victime n’a pas permis à sa plainte d’aboutir. Malgré tout, avoir une sœur de plainte « est une perspective qui suffit parfois à ouvrir un nouvel horizon et se réparer », confie la journaliste.

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