Sûreté et sécurité nucléaires sur la sellette
Le projet d’intégration de l’institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) à l’agence de sûreté nucléaire (ASN) suscite de l’inquiétude et fait craindre une déstabilisation du domaine, évoquée lors de la dernière réunion du comité à la transparence et à l’information sur la sûreté nucléaire (HCTISN).
Dans l’ambiance actuelle, avec la loi sur "l’accélération du nucléaire" (1) à l’horizon estival et ces jours-ci l’annonce de la fissure un peu trop grande dans un réacteur EDF à Penly, c’est peu de dire que la prise de parole des dirigeants de l’Agence de sûreté nucléaire (ASN) et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) était fortement attendue, ce mercredi 8 mars. En effet, au menu de la réunion prévue de longue date du Haut Comité à la transparence et à l’information sur la sûreté nucléaire (HCTISN), s’est invité le projet du gouvernement de réorganisation de la sûreté nucléaire, qui envisage d’intégrer à l’ASN "les compétences techniques de l’IRSN" (2). Cette intégration devant officiellement favoriser la "fluidité" des prises de décisions dans le domaine.
"IRSN démantelé : sûreté et sécurité sacrifiées"
Imprévue, cette annonce a, de fait, sidéré les spécialistes de l’IRSN (1725 collaborateurs), qui y ont vu un désaveu ainsi qu’un inquiétant démantèlement en perspective. A preuve leur protestation le 20 février sous les fenêtres de la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher avec des slogans du type "IRSN démantelé : sûreté et sécurité sacrifiées". Une inquiétude confirmée lors de la réunion du HCTISN par Jean-Christophe Niel, son directeur général, qui voit "un risque de déstabilisation et la tentation [pour les personnels] d’aller voir ailleurs" alors que "le système fonctionne bien". L’ailleurs pouvant être EDF, le CEA et pourquoi pas, une fuite des cerveaux.
"Déstabilisation", redoute aussi Marie-Claire Perrin du syndicat FO. Bien des membres du Haut comité, avec politesse mais fermeté, n’ont pas mâché leurs mots. Ce projet gouvernemental "sans aucune analyse préalable" a frappé par une "méthode à la hussarde", selon les termes de Jean-Claude Delalonde, président de l’Anccli (3), qui s’avoue "inquiet". Et cet homme de terrain de craindre la "rupture de la confiance des citoyens".
"Il conviendrait de rapprocher les in[...]
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