Sûreté nucléaire : malgré le soutien du RN, la majorité en échec
POLITIQUE - Tandis que la réforme des retraites retrouvera l’Assemblée dès jeudi, un autre texte a créé des remous sur les bancs de l’hémicycle. L’Assemblée nationale a en effet rejeté ce mercredi 15 mars en première lecture la réforme controversée de la sûreté nucléaire. Une réforme portée par le gouvernement et soutenue par le Rassemblement national, lors d’un vote qui s’est joué à deux voix près.
Avec ce texte, le gouvernement cherchait à faire disparaître l’institut expert en France de la sûreté nucléaire (IRSN) pour le fondre en partie dans l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le gendarme des centrales. Mais les députés ont approuvé à main levée un amendement de Benjamin Saint-Huile, du groupe indépendant Liot, pour préserver une « organisation duale » entre l’Institut et l’Autorité de sûreté, détricotant l’ensemble de cet article sensible du projet de loi de relance du nucléaire.
Sûreté nucléaire : Contre l'avis du gouvernement, les députés adoptent un amendement de @BSaintHuile (Liot) qui rev… https://t.co/4dcensHUEY
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Le sujet n’est toutefois pas encore clos. Le projet de loi, en cours d’examen à l’Assemblée, doit encore poursuivre sa navette parlementaire.
Le RN n’aura pas suffi
Quelques voix de la majorité ont même rejoint la gauche pour s’opposer au « démantèlement » de l’Institut dédié à la sûreté. Pourtant, le RN et ses 87 députés s’étaient joints à la majorité présidentielle pour voter cette réforme, finalement rejetée par 147 voix contre et 145 voix pour.
Avec la complicité du @RNational_off la majorité présidentielle vient de voter le démantèlement de l’@IRSNFrance C… https://t.co/Jx3MU1Kpbx
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Le vote du Rassemblement national au côté de la majorité présidentielle n’a pas manqué de faire réagir l’opposition, qui n’hésite pas à qualifier le vote RN de « complicité » avec le camp de l’exécutif. La députée La France insoumise du Doubs Catherine Couturier estime même que l’attitude du RN « permet au gouvernement et aux macronistes de prospérer », évitant de justesse l’adoption de ce texte, « à 2 voix près ».
Une fois de plus le #RN, absent des manifs, absent de l'hémicycle, permet au #gouvernement et aux #macronistes de p… https://t.co/EtxugiSPpF
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Plus globalement, la gauche a protesté contre la « précipitation » d’une réforme « à la hussarde ». Une « proposition dangereuse » selon la députée écologiste et ancienne ministre Delphine Batho. C’est un « démantèlement en règle ». « Nous avons besoin de cette indépendance de la recherche, au sein de l’IRSN », a insisté l’Insoumise Aurélie Trouvé.
VICTOIRE ! La sureté #nucleaire restera le fait de 2 entités indépendantes, contrôle d'1 part, expertise et recherc… https://t.co/H3i0zh6kFU
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Désaccord au sein de la majorité
Quelques voix de la majorité, dont celle de l’ancienne ministre Barbara Pompili (Renaissance) sont aussi montées au créneau. « Sans aucune étude d’impact », « c’est une folie de nous balancer ça comme ça à l’inverse des conclusions de tous les travaux parlementaires depuis dix ans » sur le sujet, a-t-elle lancé. « Je suis choquée ».
La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher lui a directement répondu en la tutoyant : « tu sais parfaitement que cette réforme et cette interrogation étaient engagées déjà il y a quelques mois, on ne va pas rentrer dans ce débat-là ». « Il n’y a aucun changement, à aucun moment, d’aucune ligne de nos procédures de sûreté nucléaire », a-t-elle martelé.
Et pourquoi cette fusion maintenant ? « Parce que c’est maintenant qu’on est en train d’organiser la mobilisation de l’ensemble des compétences de la filière pour être prêt à réussir un programme de relance du nucléaire », a-t-elle répondu aux parlementaires.
Le MoDem, divisé sur le sujet, voulait plutôt proposer un amendement de compromis avec un comité de suivi parlementaire. Alors que chez Les Républicains, bien qu’un « peu surpris sur la forme », Jérôme Nury a estimé que cette fusion pourrait être un « gage d’efficacité » pour « fluidifier les procédures ». « Le ciel ne va pas s’abattre sur la sûreté nucléaire s’il y a fusion entre l’ASN et l’IRSN », selon l’élu.
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