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Série d'été. À Dar Es-Salaam, l’océan pour seule limite

Dans cet épisode de notre série consacrée aux villes africaines, nous faisons une halte au bord de l’océan Indien à Dar Es-Salaam. Ni l’urbanisation rapide de la ville, ni l’autoritaire président John Magufuli, n’aura eu raison de son essence. Celle qui signifie “havre de paix” en arabe, est restée une Cité carrefour qui incarne le continent tout entier.

Des marchands agglutinés derrière des stands qui s’étirent sur deux kilomètres, un tourbillon d’échanges de shillings tanzaniens autour de racines de curcuma orangées et de jouets en plastique venus de Chine. Entre les étals, les vendeurs aux charrettes remplies de noix de coco ou de cannes à sucre cherchent péniblement à se faire une place. “Ici, chacun a sa spécialité, c’est comme cela qu’on sait d’où vient une personne”, nous crie en swahili Poazi Matata, un jeune habitant du quartier. “Ceux qui vendent des œufs viennent de la région des Grands Lacs, ceux qui proposent du café sont de Dodoma, les cireurs de chaussures du Kilimandjaro.”

Nous sommes sur l’artère principale de Mbagala, un quartier informel, situé à une vingtaine de kilomètres du centre-ville de Dar Es-Salaam, la capitale économique de la Tanzanie. C’est aussi l’unique route qui mène dans le sud du pays. “Ce tronçon a été rénové il y a quelques années, avec de larges trottoirs et même une piste cyclable”, relève Mejah Mbuya, fondateur de l’association Uwaba, qui promeut la mobilité douce à Dar Es-Salaam, en nous montrant les balises censées délimiter la chaussée. Sans lui, jamais nous ne les aurions remarquées, tant l’espace a été englouti par les marchands éphémères. Ce quartier, qui grandit de manière exponentielle, abriterait 1 million de personnes, nous dit Poazi.

Le jeune homme disparaît dans une ruelle parallèle qui descend vers les habitations. De là, on prend la mesure : des toits en tôle qui s’étalent à perte de vue, des habitations construites de manière totalement désordonnée, des ruelles escarpées où seules quelques motos osent s’aventurer. Les urbanistes appellent ce quartier un bidonville. Pourtant, pour qui a vu Kibera à Nairobi ou Khayelitsha près du Cap, Mbagala ressemble plutôt à un village qui n’en finit plus de grandir. Avec ses passages hasardeux qui débouchent sur ce qui pourrait être qualifié de place du village : un arbre

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