Séparation imminente, gifle: ce que l'on sait après la mort d'une famille à Carantec
Après l'horreur, l'enquête. Tandis que l'intégralité des membres d'une famille ont été retrouvés morts dimanche dans leur maison de Carantec, dans le Finistère, les investigations censées faire la lumière sur le drame avancent.
Un foyer qui vole en éclats, des tensions grandissantes au sein du couple, et une femme qui signale un acte de violence de son conjoint une dizaine de jours avant la macabre découverte. Les circonstances entourant la mort de la famille Urien dans leur maison de Carantec, dans le Finistère, s'éclairent peu à peu à la lumière des investigations.
BFMTV.com fait le point, deux jours après la découverte des corps sans vie de Gaëtan Urien, de sa femme Florence et de leurs deux filles.
• Quatre corps sans vie découverts dimanche
C'est dimanche que les gendarmes ont découvert l'horreur. Alertés par la mère de Florence Urien, qui s'inquiétait du silence radio de sa fille depuis la veille, ils se sont déplacés jusqu'à la maison qu'elle occupait avec son mari Gaëtan, et leurs filles de 11 et 8 ans. Un logement situé à trois kilomètres environ du centre du Carantec, dans un quartier décrit comme paisible par Ouest France.
Au rez-de chaussée, ils ont découvert le corps, pendu, de Gaëtan Urien. Florence Urien gisait quant à elle dans sa chambre, tout comme ses filles.
• Des autopsies attendues
Une enquête pour homicide volontaire a été ouverte dans la foulée par le parquet de Brest. Avec une très forte présomption autour d'un suspect principal: le père de famille, soupçonné d'avoir tué les siens avant de mettre fin à ses jours.
Lundi soir, le procureur de la République de Brest Camille Miansoni en a d'ailleurs dit davantage sur les expertises à venir, et les enseignements à en attendre. Tandis qu'il n'y a guère de doute que la mort de Gaëtan Urien soit consécutive à sa pendaison, il a ainsi souligné que les corps de Florence Urien et des deux fillettes seraient autopsiés à l'Institut médico-légal de Brest, où les dépouilles ont déjà été transportées. Les résultats des examens sont attendus pour vendredi.
Dans la mesure où les cadavres ne présentaient pas de "blessure externe", la piste d'un empoisonnement qui est envisagée.
• Un couple en conflit
Quel est le mobile de ce massacre? "Le drame semble s'inscrire dans un contexte de séparation du couple", a indiqué dès dimanche un communiqué du parquet.
Le procureur de la République a donné des précisions sur l'évolution des rapports au sein du ménage et sur les démarches entreprises par Florence Urien pour en sortir. Le magistrat a ainsi révélé qu'elle s'était rendue le 19 octobre dernier à la gendarmerie de Saint-Pol-de-Léon, dans le Finistère, pour signaler "la situation conflictuelle" agitant son foyer et surtout avoir reçu une gifle - le 8 octobre - de la part de son mari à qui elle venait d'annoncer son intention de le quitter et de s'installer chez ses parents avec ses enfants, le temps de se retourner.
Elle n'avait toutefois pas souhaité porter plainte, et avait tenu à exposer qu'il s'agissait là du premier acte de violence conjugale subi en treize ans de vie commune.
"Elle estime (alors) que ce n'est pas opportun de donner une suite judiciaire à cela, mais elle préfère le signaler", a expliqué le procureur devant les journalistes.
• Les profils des conjoints
Les enquêteurs s'intéressent donc à la dynamique au sein du couple, et aux profils des deux conjoints. Gaëtan Urien était âgé de 41 ans, et avait notamment été employé dans une entreprise de pompes funèbres. Florence Urien, quant à elle âgée de 38 ans, était salariée de la société Domitys, une agence de résidence pour séniors, en tant que commerciale.
D'après le témoignage d'une proche de Florence, celle-ci avait dit sa volonté de séparation à son mari trois semaines en amont. L'épouse avait dépeint à cette amie un époux morose et sujet à des accès de colère d'autant plus impressionnant que découlant de faits apparemment dérisoires, comme une pâte à crêpe trop liquide, ou un verre brisé par simple maladresse.
"Florence voulait juste vivre sereinement, plus dans la peur. (...) Elle voulait se reconstruire avec ses filles", a témoigné cette proche auprès de BFMTV.
Selon nos informations, Gaëtan Urien vivait mal cette décision et la fin imminente de son couple. Celle-ci venait de loin pourtant car, toujours d'après cette amie, Florence Urien avait déjà pensé mettre fin à sa relation avec son compagnon en 2017, avant de se raviser après que ce dernier lui a assuré qu'il se soignait. Peu avant ce dénouement tragique mis au jour dimanche, Florence Urien a toutefois appris que son mari n'avait en fait jamais vu de psychologue.
Pourtant, il apparaît que Florence Urien, qui se réjouissait de se nouveau départ, ne nourrissait pas de rancune envers son époux.
"Elle voulait juste être heureuse, que les filles cessent de voir les disputes. Elle voulait même qu’il soit heureux aussi, elle m’avait dit qu’il était allé au restaurant avec des copains. Elle était ravie qu’il sorte, elle voulait qu’il se reconstruise de son côté", a même affirmé cette proche de la défunte.
Article original publié sur BFMTV.com
VIDÉO - Ce que l'on sait sur la famille retrouvée morte à Carantec dans le Finistère