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A Séoul, Hollande tance Macron et sa fiscalité "pour les riches"

François Hollande a sévèrement critiqué, lundi à Séoul, la réforme de l'ISF voulue par Emmanuel Macron, soulignant le risque d'"une fiscalité allégée pour les riches et alourdie pour les plus modestes". /Photo prise le 15 septembre 2017/REUTERS/Charles Platiau

SEOUL (Reuters) - François Hollande a sévèrement critiqué, lundi à Séoul, la réforme de l'ISF voulue par Emmanuel Macron, soulignant le risque d'"une fiscalité allégée pour les riches et alourdie pour les plus modestes".

L'ancien président français a profité de son premier déplacement à l'étranger depuis son départ de l'Elysée, en mai dernier, pour adresser une mise en garde à son successeur, qui a multiplié les allusions critiques à son égard dimanche soir lors d'une interview télévisée sur TF1.

François Hollande, jusqu'ici plutôt discret - sauf à conseiller en août de ne pas "demander des sacrifices aux Français qui ne sont pas utiles" -, n'admet pas la refonte de l'impôt de solidarité sur la fortune, qui nourrit les attaques de l'opposition contre une présumée "présidence des riches".

"La fiscalité, c'est un facteur de cohésion, nationale et sociale", a-t-il plaidé lors d'une intervention dans le cadre du "World Knowledge Forum", une prestation rémunérée dont une partie des bénéfices iront à sa fondation "La France s'engage".

"Si, a souligné l'ancien président, dans un pays l'idée s'installe qu'il y a finalement une fiscalité allégée pour les riches et alourdie pour les plus modestes ou pour les classes moyennes, alors c'est la productivité globale du pays, la capacité qu'il a à se mobiliser pour son avenir qui se trouvent mises en cause".

"La politique fiscale doit favoriser l'investissement, pas la rente. Je ne suis pas contre la réussite, mais elle ne doit pas être celle de ceux qui s'enrichissent en dormant", a-t-il poursuivi, reprenant une formule de François Mitterrand.

"CHANTAGE"

"Ceux qui travaillent doivent avoir le bénéfice de leurs efforts et je ne vois pas pourquoi il faudrait consentir des largesses aux contribuables qui savent placer très opportunément leur argent", a-t-il lancé.

Dimanche soir, sur TF1, Emmanuel Macron, qui fut le conseiller puis le ministre de l'Economie de François Hollande, a attaqué à plusieurs reprises son "prédécesseur", qu'il n'a jamais désigné par son nom.

Il a notamment épinglé "une présidence bavarde", critiqué l'engagement de François Hollande à "inverser" la courbe du chômage ("on ne juge pas l'action d'un président de la République seulement à un indicateur"), l'a accusé d'avoir fait partir "les gens qui réussissaient" en augmentant l'ISF et en créant une taxe de 75% sur les hauts revenus.

"Quand il s'est agi pour la France, à un moment particulièrement difficile avec la crise des subprimes, des déficits qui s'étaient alourdis, de réduire les déficits, j'ai fait appel à la fiscalité", s'est justifié François Hollande à Séoul. "Mais quand il y a eu le retour à la croissance, j'ai fait baisser les impôts des catégories moyennes, qui sont les plus importantes, et j'ai maintenu une fiscalité relativement élevée pour les grandes fortunes".

"Si le chantage est de partir de son pays pour les plus riches, quel exemple donné à la jeunesse, quel exemple donné aux classes laborieuses!", a-t-il insisté.

L'ancien chef de l'Etat a défendu la nécessité d'"une politique de redistribution par la fiscalité" face à une croissance "inégalitaire" qui concentre "la richesse sur un nombre limité de personnes".

Dans un reportage qui sera diffusé mardi dans le cadre du journal de 20 heures de TF1, et dont LCI a diffusé des extraits, François Hollande estime que les réformes d'Emmanuel Macron, notamment la réduction des contrats aidés, participent d'une politique "brutale".

(Sophie Louet à Paris avec bureau de Séoul, édité par Yves Clarisse)