Séoul discute avec les USA d'un déploiement d'armes stratégiques

par Ju-min Park et Se Young Lee SEOUL (Reuters) - La Corée du Sud est en discussion avec les Etats-Unis au sujet d'un déploiement d'armes stratégiques américaines dans la péninsule coréenne, a déclaré jeudi un responsable militaire sud-coréen, au lendemain de l'annonce par Pyongyang d'un test réussi d'une bombe à hydrogène miniaturisée. A Washington, le département américain de la Défense a simplement indiqué qu'il examinait avec Séoul les moyens de répondre à ce nouvel essai nucléaire nord-coréen. Le porte-parole du Pentagone, Peter Cook, n'a pas évoqué une demande sud-coréenne de déploiement d'armes stratégiques. La Maison blanche, pour sa part, a affirmé que la Corée du Nord s'exposait au risque de nouvelles sanctions économiques et a ajouté que les Etats-Unis étudiaient avec la Chine quelle réponse apporter à l'annonce de ce test nucléaire. La question du déploiement en Corée du Sud du système THAAD (Terminal High Altitude Area Defense) de défense contre les missiles balistiques n'a pas été discutée, a ajouté le porte-parole de la présidence américaine, Josh Earnest. Le secrétaire d'Etat John Kerry s'est entretenu jeudi au téléphone avec le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, lui disant que la politique chinoise menée jusqu'ici envers Pyongyang avait selon lui échoué. "La Chine voulait avoir une approche particulière (de la question nord-coréenne), que nous avions acceptée et que nous respections", a déclaré John Kerry aux journalistes. "Mais j'ai dit très clairement aujourd'hui lors de la conversation que cette approche n'avait pas réussi et qu'on ne pouvait pas continuer à faire comme si de rien n'était", a-t-il poursuivi. Mercredi, John Kerry avait parlé avec le ministre des Affaires étrangères japonais Fumio Kishida, insistant sur la nécessité d'apporter une réponse internationale au quatrième essai nucléaire nord-coréen. "Il a souligné l'importance d'une réponse internationale unifiée aux actions provocantes de la Corée du Nord", a précisé dans un communiqué le département d'Etat. PROPAGANDE PAR HAUT-PARLEURS Le bureau de la présidente sud-coréenne Park Geun-hye a déclaré que cette dernière s'était entretenue par téléphone pendant vingt minutes avec le président américain Barack Obama, sans préciser la teneur de leurs échanges. La Maison blanche a de son côté dit que Barack Obama et Park Geun-hye s'étaient entendus pour travailler ensemble à la réponse à apporter au "comportement irresponsable" de la Corée du Nord. A Pékin, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères a proposé de rouvrir les négociations à six entre les deux Corées, la Chine, les Etats-Unis, le Japon et la Russie sur le programme nucléaire nord-coréen. Priée de commenter l'annonce du déploiement d'armes stratégiques américaines, Hua Chunying a répondu: "Nous sommes préoccupés par l'évolution de la situation". Le ministre de la Défense sud-coréen a déclaré pour sa part que le gouvernement de Séoul restait opposé à la présence d'armes nucléaires en Corée du Sud. "Nous restons résolument en faveur de la dénucléarisation de la péninsule coréenne", a dit devant le parlement Han Min-goo. Selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap, le ministère de la Défense ne pense pas que, contrairement aux affirmations de Pyongyang, le test mené mercredi a été une réussite, faisant ainsi écho au scepticisme des Etats-Unis et de nombreux experts nucléaires. En guise de protestation contre cet essai, la Corée du Sud limitera au strict minimum l'entrée au complexe industriel de Kaesong, exploité conjointement avec la Corée du Nord, a dit pour sa part un responsable du ministère de l'Unification. La présidence sud-coréenne a par ailleurs indiqué que Séoul allait reprendre ses opérations de propagande par haut-parleurs le long de la ligne de démarcation. L'année dernière, ce type de propagande avait ravivé les tensions entre le Nord et le Sud. (Avec Roberta Rampton, Doina Chiacu et David Alexander à Washington; Benoît Van Overstraeten, Nicolas Delame et Guy Kerivel pour le service français)