Le Sénat du Mexique envahi par des manifestants contre une réforme judiciaire, les images rappellent l’assaut du Capitole
Des manifestants ont pénétré le siège du Sénat pour s’opposer à une réforme du pouvoir judiciaire controversée. Elle a finalement été adoptée.
INTERNATIONALE - « Sénateurs, arrêtez le dictateur ». Criant des slogans hostiles au président sortant Andrés Manuel López Obrador (AMLO), des manifestants ont envahi le siège du Sénat mexicain, ce mardi 10 septembre, pour s’opposer à une réforme du pouvoir judiciaire. Des images qui rappellent celles de l’assaut du Capitole, le 6 janvier 2021, par des sympathisants radicaux du républicain Donald Trump.
Voulue par le président de gauche, la réforme prévoit que le Mexique devienne le premier pays au monde à désigner tous ses juges, y compris ceux de la Cour suprême, par un vote populaire. Malgré les émeutes de mardi, elle a finalement été adoptée par 86 voix pour, soit les deux tiers des 127 sénateurs présents à la chambre haute, dominée par le parti au pouvoir Morena et ses alliés, et 41 voix contre de la part des partis d’opposition.
Session ajournée et délocalisée
La veille de l’adoption, plusieurs centaines de manifestants, drapeau mexicain à la main, ont envahi le siège du Sénat mexicain, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo ci-dessus.
Une scène impressionnante qui a rappelé l’invasion du Capitole à Washington par des émeutiers cherchant à empêcher l’accession à la Maison blanche du démocrate Joe Biden. Les manifestants, enhardis par Donald Trump et de fausses allégations de fraude électorale, avaient pénétré le monument mythique où siège le Congrès le 6 janvier 2021.
Au Mexique, mardi, après avoir franchi les barrières de sécurité, les dizaines de manifestants ont obligé le président du Sénat, Gerardo Fernandez Noroña (majorité présidentielle), à ajourner la session.
Fernandez Noroña a peu après annoncé que la session serait délocalisée dans l’ancien siège du Sénat. « Il y aura une réforme du pouvoir judiciaire », a-t-il ajouté. Les débats ont repris dans la soirée dans la nouvelle enceinte, aux alentours de laquelle se sont également déplacés les protestataires.
Les manifestants - principalement des fonctionnaires judiciaires en grève et des étudiants en droit- s’opposent à cette réforme, car ils estiment qu’elle fragilisera l’indépendance des juges et les rendra vulnérables aux pressions du crime organisé.
« Le pouvoir judiciaire est au service des puissants », selon AMLO
« Ce qui inquiète le plus ceux qui sont contre cette réforme, c’est qu’ils vont perdre leurs privilèges, car le pouvoir judiciaire est au service des puissants (...) et de la criminalité en col blanc », a fustigé mardi AMLO, dont la popularité avoisine les 70 %.
À l’international, les États-Unis, principaux partenaires commerciaux du Mexique, voient dans la réforme un « risque » pour la démocratie mexicaine et « une menace » pour les relations commerciales bilatérales, alors que le Mexique a supplanté la Chine en tant que premier partenaire commercial de son voisin du Nord.
Le gouvernement mexicain a dénoncé une « ingérence » des États-Unis dans ses affaires internes et a mis en « pause » fin août ses relations avec l’ambassadeur des États-Unis au Mexique, Ken Salazar, qui a plusieurs fois critiqué publiquement la réforme.
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