Sécurité: pour Castex, les policiers font "le boulot" mais "l'intendance ne suit pas"

Jean Castex en déplacement à Lille le 3 août 2020 - DENIS CHARLET © 2019 AFP
Jean Castex en déplacement à Lille le 3 août 2020 - DENIS CHARLET © 2019 AFP

Face au tir de barrage dirigé contre lui par la droite sur le thème de la sécurité, le gouvernement tente de risposter. Interrogé par L'Opinion, le Premier ministre Jean Castex aborde la question des faits-divers violents qui ont émaillé l'été des Français. La séquence a mis à mal le flan régalien de l'exécutif, alors que celui-ci doit affronter à la fois la deuxième vague d'épidémie de Covid-19 et la crise économique liée au confinement.

"Je suis allé à Nice, à Dijon. J’ai constaté que les policiers faisaient leur boulot. Mais l’intendance ne suit pas. (...) Le maillon faible, c’est moins une justice laxiste qu’un terrible manque de moyens pour la justice pénale. Même si parfois le laxisme existe, mais ce n’est pas la règle", juge le locataire de Matignon.

"J’ai fait le diagnostic"

Pour palier ce manque de moyens, Jean Castex estime que la réponse se situe davantage au ministère de la Justice qu'à l'Intérieur.

"J'ai déjà dit à Gérald Darmanin que je mettrai plus d’effectifs supplémentaires chez Eric Dupond-Moretti que chez lui. Ce sera dans le budget 2021. (...) Nous ne sommes pas aux niveaux de nos voisins et nous allons y remédier", assure-t-il.

"J’ai fait le diagnostic, je crois connaître le remède", a-t-il prévenu lors de cet entretien accordé à Matignon jeudi dernier et paru dimanche. Aux élus Les Républicains et Rassemblement national qui accusent le gouvernement d'être totalement désemparé face à la montée de la violence, Jean Castex répond qu'ils "n'ont strictement rien à proposer de nouveau". Il poursuit:

"Ils sont dans le théâtre. La violence des délinquants m’insupporte comme tous les Français. Mais la violence politique, je m’y suis préparé dans toutes mes fonctions précédentes. J’ai le cuir épais et ce qui compte pour moi, c’est de servir la France et les Francais."

Terrain miné

Début juillet, lorsqu'il choisit de remplacer Édouard Philippe par Jean Castex et d'envoyer Gérald Darmanin place Beauvau à la place de Christophe Castaner, Emmanuel Macron entend envoyer des signaux forts à l'électorat de droite. Cela a été dit, accrédité et décrypté maintes fois dans les médias depuis lors.

La route menant à la campagne présidentielle de 2022 est pourtant pavée d'embûches sur ce terrain. Le spectre de l'élimination de Lionel Jospin il y a près de 20 ans, en partie à cause de l'insécurité ressentie à l'époque, pèse sur l'entourage du chef de l'État. D'où les sorties musclées de Gérald Darmanin sur le terrain.

Pourtant, selon notre dernier sondage L'opinion en direct réalisé par l'institut Elabe, 58% des Français jugent que la sécurité des biens et des personnes se dégrade en France depuis quelques années. Dans le détail, 32% des personnes interrogées se disent préoccupées par cette question, contre seulement 18% il y a un an. L'exécutif le sait, l'opinion publique peut fluctuer au gré des événements. Même s'ils ont l'apparence d'épiphénomènes.

Article original publié sur BFMTV.com