Révélateur

Faut-il avoir peur du big data ou du quantified self ? En admettant que vous soyez passé à côté de ces expressions qui fleurent bon la langue de Steve Jobs, le lancement de la première montre d’Apple devrait combler - et dépasser - votre retard. Sur le papier, avouez que ces «mégadonnées» et ce «soi automesuré» ont de quoi faire peur. D’un côté, les avancées sont indéniables. Vos données (poids, nombre de pas, rythme cardiaque, pression sanguine…) mesurées en temps réel permettent de prévenir des accidents, d’anticiper des baisses de forme. Utilisés pour les diabétiques ou les cardiaques, les possibilités sont vertigineuses. (Evidemment, pour les hypocondriaques qui ont survécu à une plongée dans Doctissimo, c’est une autre paire de manches.) D’un autre côté, ces données révèlent tout de vous et de vos manies. Si elles tombent dans des mains qui ne sont pas celles de votre médecin, mais d’une mutuelle ou d’une compagnie d’assurance, voire d’un employeur indélicat, ce petit coup de rouge de trop ou cette cigarette risquent de vous coûter cher. Refus de crédit, hausse des primes, clôture de contrats… Science-fiction ? Sans doute en France, où la Cnil veille, mais ce n’est déjà plus le cas aux Etats-Unis. Nous connaissons notre capacité à nous lier à des entreprises qui vivent et s’enrichissent grâce à nos données. Cette part de nous-même cédée à Facebook ou Google, ce sont des mégadonnées récoltées en temps réel et accumulées des mois durant. Grâce à elles, ces entreprises guident ou anticipent nos envies, nos achats, nos lectures. Les laisserons-nous un jour définir nos habitudes de vie et recueillir nos données de santé sans que l’on sache à quoi elles vont servir ? Devrons-nous un jour regarder notre montre pour savoir si on peut reprendre un dernier verre ?

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