"Situation d'urgence" dans le sud de la Russie après des frappes de drones ukrainiens
L'Ukraine a annoncé samedi avoir frappé deux dépôts militaires de munitions et missiles dans le sud et l'ouest de la Russie, dont un site "clé" pour la logistique des forces russes, autour duquel a été décrété un régime de "situation d'urgence".
Sur le terrain diplomatique, la Russie a par ailleurs annoncé samedi, à la veille d'un voyage du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Washington, qu'elle ne participerait pas au deuxième sommet sur l'Ukraine prévu par Kiev en novembre, et qui vise selon elle à lui présenter "un ultimatum de capitulation".
Mais dans son message video quotidien, Volodymyr Zelensky s'est d'abord félicité de la destruction d'un "arsenal important pour l'ennemi".
Ces sites frappés avec des drones par l'Ukraine en territoire russe sont "des dépôts de missiles tactiques russes et de bombes guidées - toutes choses que la Russie utilise pour terroriser nos villes et nos positions", a-t-il ajouté, au moment où l'Ukraine réclame avec impatience l'autorisation des alliés de frapper en Russie avec les missiles qu'ils lui fournissent.
Kiev a notamment fait état samedi de la mort d'un garçon de 12 ans et de deux femmes âgées dans une frappe russe sur la ville natale de M. Zelensky, Kryvyï Rig, et de celle d'une fillette de 12 ans ainsi que d'une jeune femme dans celle de Nikopol.
Présentées comme celles des frappes de drones ukrainiens en Russie, des images publiées sur les réseaux sociaux, dont l'AFP n'a pas pu vérifier l'authenticité, ont montré de très importantes explosions suivies de multiples détonations et de vastes nuages de fumée.
Le gouverneur de la région de Krasnodar (sud), Véniamine Kondratiev, a déclaré sur les réseaux sociaux qu'un "régime local de situation d'urgence" avait été décrété dans le district de Tikhoretsk, une ville où les forces ukrainiennes ont affirmé avoir frappé dans la nuit "l'une des trois plus grandes bases de stockages de munitions" en Russie et un "lieu clé" pour la logistique des troupes russes.
Les autorités de la région avaient auparavant ordonné des évacuations après, selon elles, le déclenchement d'un incendie lié à un drone ukrainien. Celles de la région de Tver, dans l'ouest de la Russie, ont également dit avoir été attaquées.
Aucune n'avait cependant évoqué la cible de ces frappes, qui n'ont pas fait de victimes selon elles.
- 1.200 habitants évacués -
Le gouverneur de la région de Krasnodar, proche de l'Ukraine dont elle est séparée par la mer d'Azov, avait indiqué plus tôt que deux drones avaient été abattus par la défense antiaérienne.
La chute de débris a "déclenché" un incendie dans le district de Tikhoretsk, avait-il affirmé sur Telegram, ajoutant que l'attaque n'avait "pas fait de victimes".
Les autorités ont toutefois décidé l'évacuation des personnes résidant dans le village de Koubane, près des lieux de l'incendie, a-t-il ajouté, précisant que 1.200 habitants avaient été évacués.
Des images, publiées par les autorités russes, montrent des habitants évacués par bus et réfugiés dans un abri temporaire.
Un autre dépôt a été frappé par les services de sécurité ukrainiens à Oktiabrski, dans la région de Tver, selon l'armée ukrainienne. Des munitions d'artillerie et des missiles y étaient stockés, a indiqué une source au sein des services de sécurité.
Mercredi, l'Ukraine avait déjà revendiqué la destruction d'un dépôt de missiles et de munitions d'artillerie à Toropets, également dans la région de Tver. Des missiles balistiques, des bombes aériennes guidées et des munitions d'artillerie y étaient stockés, selon elle.
- 101 drones -
Les services de sécurités ukrainiens ont aussi conduit une frappe de drones contre l'aérodrome militaire de Chaïkovka, dans la région de Kalouga, selon une source au sein de ces services qui a précisé qu'y étaient stationnés des appareils qui "frappent régulièrement l'Ukraine".
Au total, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir abattu 101 drones ukrainiens dans la nuit de vendredi à samedi.
Les militaires russes ont affirmé avoir mené dans la nuit une attaque "contre des installations énergétiques" en Ukraine, ainsi que contre des dépôts d'armement et un navire contenant des armes destinées à l'Ukraine.
- "Illusoire" formule de paix -
Enfin, la Russie a rejeté samedi toute participation à un sommet prévu par Kiev en novembre, à la veille d'un voyage de M. Zelensky à Washington la semaine prochaine, lors duquel il a l'intention de présenter ses propositions pour la paix au président Joe Biden, à la vice-présidente et candidate démocrate à la présidentielle Kamala Harris, ainsi qu'à l'ex-président et candidat républicain Donald Trump.
"Le sommet aura les mêmes objectifs : promouvoir l'illusoire +formule Zelensky+ pour toute base de règlement du conflit, obtenir le soutien de la majorité du monde et s'en servir pour présenter à la Russie un ultimatum de capitulation", a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, dans un communiqué.
"Nous ne participerons pas à de tels +sommets+", a-t-elle ajouté.
Alors que Kiev maintient son exigence d'une paix "juste" qui verrait les troupes russes quitter les frontières internationalement reconnues du pays, péninsule de Crimée comprise, Moscou ne s'est dite prête à envisager que des "propositions sérieuses" qui prendraient en compte "la situation sur le terrain reflétant les réalités géopolitiques".
Le président russe Vladimir Poutine a expliqué en juin que Moscou n'accepterait de pourparlers de paix qu'à condition que l'Ukraine renonce à sa souveraineté sur cinq de ses régions, occupées en partie ou totalement par la Russie et dont celle-ci revendique l'annexion.
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