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La Russie continue de masser des troupes aux frontières ukrainiennes, dit Kiev

LA RUSSIE CONTINUE DE MASSER DES TROUPES AUX FRONTIÈRES UKRAINIENNES, DIT KIEV

KIEV/BRUXELLES (Reuters) - La Russie aura regroupé d'ici une semaine plus de 120.000 soldats aux frontières de l'Ukraine, a affirmé mardi le ministre ukrainien des Affaires étrangères, appelant de ses voeux de nouvelles sanctions occidentales contre Moscou.

La Russie a de son côté accusé les Etats-Unis et l'Otan de se livrer à des "activités provocatrices" dans l'espace maritime et aérien de la mer Noire.

"Les troupes russes continuent d'arriver à proximité de nos frontières dans le Nord-Est, l'Est et le Sud. Dans une semaine environ, ils devraient avoir atteint une force combinée de plus de 120.000 hommes", a dit Dmitro Kouleba lors d'une conférence de presse virtuelle avec plusieurs médias internationaux.

"Cela ne signifie pas qu'ils arrêteront de regrouper leurs forces une fois ce nombre atteint", a-t-il ajouté.

Selon des observateurs occidentaux, la concentration actuelle des forces russes dans la région est supérieure à ce qu'elle était lors de l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou en mars 2014.

Le chef de la diplomatie ukrainienne a mis en garde contre le caractère imprévisible de Moscou, tout en soulignant que l'Ukraine ne cherchait pas un conflit avec la Russie.

Kouleba a ajouté qu'il avait, lors d'une réunion par visioconférence des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne lundi, appelé ses collègues à "commencer à envisager un nouveau train de sanctions sectorielles contre la Russie".

Il a ajouté qu'il n'avait pas senti les ministres de l'UE prêts à prendre une telle initiative mais leur a dit que les sanctions individuelles prises par Bruxelles étaient à ses yeux insuffisantes.

"Les sanctions sectorielles sont une question de temps et dépendront du comportement de la Russie. De mes récents échanges avec les ministres allemand et français des Affaires étrangères, je peux conclure qu'ils comprennent cette réalité", a assuré Dmitro Kouleba.

Dans un communiqué, le Quai d'Orsay a rappelé mardi qu'Emmanuel Macron avait souligné, dans un entretien accordé ce week-end à la chaîne américaine CBS, la nécessité de faire preuve "de clarté comme de fermeté" à l'égard de Moscou.

"Dans le contexte de tensions actuelles aux frontières de l'Ukraine et en Crimée, une nouvelle atteinte à la souveraineté ou à l'intégrité de l'Ukraine de la part de la Russie serait inacceptable et ne pourrait pas, sur cette base, rester sans conséquences", a ajouté le ministère des Affaires étrangères.

"Nos efforts sont aujourd'hui focalisés sur l'engagement d'une désescalade des tensions. La France, aux côtés de l'Allemagne, poursuit à cette fin ses discussions au sein du format Normandie pour faciliter la mise en oeuvre de ces accords en vue de permettre l'établissement d'une paix juste et durable dans l'Est de l'Ukraine", a également souligné le Quai.

Le chef de la diplomatie ukrainienne a déclaré qu'il souhaitait une solution diplomatique à la crise actuelle mais précisé que son homologue russe, Sergueï Lavrov, avait décliné une invitation à des discussions.

Cité par les agences de presse russes, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, a accusé Kiev de chercher à déstabiliser la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, où l'armée ukrainienne combat des séparatistes prorusses depuis 2014, un conflit qui a fait 14.000 morts selon Kiev.

(Matthias Williams et Robin Emmott; avec Polina Devitt à Moscou; version française Jean-Stéphane Brosse)