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La Russie bloque une résolution du Conseil de sécurité condamnant ses annexions en Ukraine

La Russie bloque une résolution du Conseil de sécurité condamnant ses annexions en Ukraine

La Russie a sans surprise utilisé son veto ce vendredi pour empêcher l'adoption d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant ses annexions de quatre régions ukrainiennes, un texte qui va désormais être soumis à l'Assemblée générale où tous les Etats membres sont représentés.

En dehors du veto russe, la résolution a recueilli 10 voix en sa faveur et quatre pays se sont abstenus, la Chine, l'Inde, le Brésil et le Gabon.

Le projet de texte vu par l'AFP, rédigé avant la signature ce vendredi par le président russe Vladimir Poutine des documents d'annexion des régions de Donetsk, Lougansk, Zaporijjia et Kherson, voulait "condamner" l'organisation par la Russie de "soi-disant référendums illégaux" dans ces régions et souligner qu'ils ne peuvent avoir "aucune validité" ni "servir de base à une altération du statut de ces régions", "y compris toute pseudo-annexion" par la Russie.

"Ne pas reconnaître une pseudo-annexion"

Ce projet de résolution, préparé par les Etats-Unis et l'Albanie, appelait tous les Etats et autres organisations "à ne pas reconnaître une pseudo-annexion" des quatre régions par la Russie.

Il exigeait également que Moscou "retire immédiatement, complètement et sans conditions toutes ses forces militaires" du pays.

"Vous nous forcez intentionnellement à utiliser notre veto pour pouvoir vous lancer dans des envolées lyriques sur le fait que nous abusons de notre droit", a accusé l'ambassadeur russe à l'ONU Vassily Nebenzia, dénonçant une "action ouvertement hostile de l'Occident".

Si le veto russe ne faisait aucun doute, les yeux étaient tournés en particulier vers la Chine, officiellement neutre mais parfois accusée par les Occidentaux d'être trop conciliante avec la Russie.

La Chine s'est abstenue

Comme en février au lendemain de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la Chine, tout comme l'Inde, s'est abstenue vendredi.

"Toute action du Conseil de sécurité doit favoriser l'amélioration de la situation et la résolution de la crise, plutôt que d'intensifier les conflits et exacerber la confrontation", a commenté l'ambassadeur chinois Zhang Jun, répétant que la Chine soutient la souveraineté et l'intégrité territoriale "de tous les pays".

"Si la Russie empêche le Conseil de sécurité de s'acquitter de ses responsabilités, nous demanderons à l'Assemblée générale, où chaque pays a une voix, de dire clairement que c'est inacceptable de redessiner des frontières de force", avait prévenu juste avant le vote le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

Ce vote ultérieur à l'Assemblée générale, où aucun des 193 Etats membres n'a de veto, permettra d'évaluer le degré d'isolement de la Russie, alors que certains pays en développement s'agacent que l'Occident concentre toute son attention sur l'Ukraine.

Les Occidentaux sont "relativement confiants d'obtenir un fort soutien pour l'intégrité territoriale de l'Ukraine à l'Assemblée générale", a indiqué Richard Gowan, analyste au sein de l'ONG International Crisis Group.

"Beaucoup de pays commençaient à retirer leur soutien à l'Ukraine (...) mais en mettant l'annexion et l'intégrité territoriale sur la table, (Vladimir) Poutine va forcer nombre d'Etats hésitants à revenir dans le camp de l'Ukraine", notamment certains Etats africains, a-t-il ajouté, estimant que le président russe avait fait une "erreur diplomatique fondamentale".

Le Conseil doit se pencher sur les fuites de Nord Stream

Au printemps, l'Assemblée générale avait voté trois résolutions concernant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la troisième fin avril s'étant traduite par un effritement de l'unité internationale face à Moscou.

Le 2 mars, lors d'un premier vote historique, 141 pays avaient condamné l'invasion russe, cinq pays votant contre (Russie, Bélarus, Syrie, Corée du Nord et Erythrée), 35 s'abstenant.

Le 24 mars, l'Assemblée avait réclamé un accès humanitaire sans entrave et la protection des civils en Ukraine: 140 voix pour, cinq contre (les mêmes) et 38 pays avaient choisi l'abstention.

Le 7 avril, seulement 93 pays avaient soutenu la suspension de la Russie du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, 24 votant contre et 58 s'abstenant.

A l'issue de la réunion sur les "référendums" d'annexion, le Conseil doit se pencher, à la demande de la Russie, sur les quatre fuites touchant les gazoducs Nord Stream en mer Baltique.

Un rapport de la Suède et du Danemark envoyé au Conseil de sécurité estime que ces fuites sont dues à des explosions sous-marines équivalant "à des centaines de kilos" de TNT.

La source et l'auteur des explosions restent mystérieuses. La Russie, vers laquelle tous les regards se sont tournés, rejette toute responsabilité et accuse les Occidentaux.

Article original publié sur BFMTV.com