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L’« Ocean Viking », le bateau de l’organisation SOS Méditerranée, effectue une nouvelle campagne de sauvetage en Méditerranée centrale. En mer en janvier et février, le navire a secouru 796 personnes parties de Libye vers l’Europe. RFI embarque à bord de l’« Ocean Viking » pour cette mission. Chaque jour, nous recevrons le carnet de bord de notre envoyé spécial. ► Lundi 8 mars : l’impatience du départAvant chaque départ de l’Ocean Viking, il règne une certaine impatience parmi les membres de l’équipage et le personnel de SOS Méditerranée. Cette mer est la route migratoire la plus meurtrière au monde. En 2020, le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies a recensé 1 277 morts et personnes disparues au court de sa traversée. Et il estime à 233 le nombre de victimes sur les deux premiers mois de l’année 2021.Pour SOS Méditerranée, qui mène des campagnes de sauvetage depuis cinq ans, il y a un sentiment d’urgence. La crise sanitaire n’a pas interrompu les flux migratoires : selon le HCR, 95 000 personnes sont arrivées en Italie, Espagne, Grèce ainsi qu’à Chypre et à Malte en traversant la Méditerranée en 2020. Plus de 10 000 ont fait de même sur les deux premiers mois de l’année. Ce sentiment est aussi renforcé par le fait que cinq bateaux de sauvetage ont été bloqués ces derniers mois par les autorités italiennes qui leur reprochaient des irrégularités à bord. « Des irrégularités insignifiantes », avait jugé l’organisation Médecins Sans Frontières, affirmant que « les autorités italiennes manipulent et abusent des procédures maritimes légitimes ». L’Ocean Viking lui-même a dû rester à quai pendant cinq mois en 2020 ; il n’a pu reprendre ses activités qu’en janvier dernier. La lourdeur des procéduresMais l’impatience est aussi accrue par la lourdeur des procédures qui précèdent le départ en cette période de pandémie. L’ONG veut s’assurer que personne dans l’équipage qui embarque et qui va se retrouver en mer pendant deux à trois semaines n’est porteur du coronavirus. Pour cela, un test de dépistage PCR est requis avant le départ. Mais surtout, elle impose une quarantaine de dix jours avant de prendre la mer. Depuis le 26 février, tous les membres de l’équipage sont donc à l’isolement : certains à bord du bateau, la plupart dans un hôtel de Marseille, port d’attache du navire.Durant les premiers jours de cette quarantaine, le confinement dans les chambres était très strict. Au quatrième jour, un test de dépistage rapide de la Covid-19 a été réalisé. L’ensemble du personnel étant négatif, quelques réunions de travail ont alors été autorisées, avec port du masque obligatoire. Mais durant les dix jours, les contacts avec l’extérieur ont été limités aux livraisons de repas.SOS Méditerranée a mis à profit ce temps d’isolement pour mettre en place des formations de l’équipage : passage en revue des procédures de sauvetage, prise en charge des traumatismes des personnes secourues, protocole sanitaire à bord du bateau, initiation à la navigation maritime… Celles-ci accompagnent chaque départ en mission mais elles se font habituellement à bord du bateau, alors que l’Ocean Viking navigue vers la Méditerranée centrale au large de la Libye. Cette fois-ci, elles se sont déroulées en visioconférence depuis la chambre d’hôtel.À la motivation principale s’ajoute donc, pour l’équipage, la promesse de pouvoir sortir à nouveau. Celle-ci va se réaliser dès ce lundi avec l’embarquement à bord de l’Ocean Viking. Mais pour le secours en mer, il faudra encore à l’équipage un petit peu de patience. De derniers aménagements à bord sont toujours en cours : l’Ocean Viking ne quittera pas Marseille avant mardi.