Rupert Murdoch et ses affaires d’héritage familial n’ont jamais autant fait penser à la série « Succession »

À 93 ans, la fin de vie se rapproche pour le milliardaire Rupert Murdoch, mais les ennuis de succession ne font que commencer.
DREW ANGERER / Getty Images via AFP À 93 ans, la fin de vie se rapproche pour le milliardaire Rupert Murdoch, mais les ennuis de succession ne font que commencer.

PEOPLE - Quand la réalité vient frapper à la porte de la fiction. « La bataille secrète pour l’avenir de l’empire Murdoch », voici comment le New York Times résume le discret conflit qui se joue en ce moment même au sein de la famille du plus célèbre magnat des médias américain, Rupert Murdoch.

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Dans un article dévoilé mercredi 24 juillet, le prestigieux journal américain relate les enjeux qui secouent actuellement l’avenir de l’empire médiatique Murdoch. Que le patriarche s’efforce de préserver, à sa manière, en cherchant à modifier un document de fiducie pour empêcher une partie de ses enfants d’avoir leur mot à dire sur la gestion de cette force politique conservatrice déguisée en empire médiatique.

Le document consulté par le New York Times tend à modifier les termes de la fiducie familiale des Murdoch, dans le but de garantir que son fils aîné et successeur annoncé, Lachlan, reste seul maître à bord du tentaculaire réseau de chaînes de télévision et de journaux.

En cas de décès, Rupert Murdoch doit logiquement confier l’entreprise familiale à ses quatre enfants les plus âgés. Toutefois, ce revirement implique que Lachlan dirigera seul l’entreprise. Une manière pour Rupert Murdoch, 93 ans, d’assurer la continuité de la ligne éditoriale de ses titres − parmi lesquels Fox News ou The Wall Street Journal − et donc la bonne santé de l’entreprise. Ça ne vous rappelle rien ?

« Coïncidence ? Je ne crois pas »

En juin 2018, la chaîne américaine HBO dévoilait le premier épisode d’une toute nouvelle série intitulée Succession. Développée par Jesse Armstrong, la série présentait la famille Roy, à la tête de la multinationale Waystar RoyCo combinant médias, parcs à thème, croisières ou studios de cinéma.

Et c’est dans un contexte d’incertitude grandissant quant à la santé du patriarche, Logan Roy, incarné par Brian Cox que la série débutait. Une situation qui, sur quatre saisons, va progressivement permettre aux spectateurs d’observer les enfants du milliardaire s’entredéchirer pour obtenir le contrôle de l’entreprise. Un postulat de base qui ne peut que rappeler les troubles que traverse la succession bien réelle de l’un des entrepreneurs les plus influents au monde.

Dans « Succession », le personnage de Logan Roy est clairement inspiré par celui de Rupert Murdoch, que ce soit par ses opinions politiques ou par la taille de l’empire médiatique qu’il contrôle aux États-Unis.
HBO Dans « Succession », le personnage de Logan Roy est clairement inspiré par celui de Rupert Murdoch, que ce soit par ses opinions politiques ou par la taille de l’empire médiatique qu’il contrôle aux États-Unis.

Toujours pas convaincu ? Depuis sa création, la série n’a jamais vraiment caché ses inspirations, largement alimentées par l’histoire de la famille Murdoch et de son empire, comme l’explique d’ailleurs son créateur auprès de The Independant. Au départ, la série devait même prendre la forme d’un film retraçant les péripéties de la famille Murdoch. Lors de son basculement au format sériel, Jesse Armstrong avait finalement opté pour un point de vue plus large, élargissant ainsi ses références à d’autres grandes et influentes familles américaines.

Le (vrai) jeu du trône

Dans la vraie vie, comme dans la série HBO, c’est un feuilleton et une bataille à rallonge dans les coulisses des hautes sphères américaines qui s’engage. Pour Rupert Murdoch, l’objectif est désormais de démontrer que sa décision a été prise de bonne foi et dans l’intérêt de ses différents héritiers, après plusieurs mois de conflit familiaux souterrains.

Si aucune solution n’est trouvée en coulisse, un procès devrait avoir lieu en septembre comme l’indique le New York Times, qui dévoile également que James, Elisabeth et Prudence, les trois enfants écartés par Rupert Murdoch « ont été complètement pris au dépourvu par la tentative de leur père de réécrire ce qui était censé être un contrat de confiance inviolable ». Ils se sont donc « unis pour l’arrêter ». Un élément de plus à mettre au crédit de la série américaine, presque visionnaire quand on prête attention aux enjeux des deux dernières saisons.

De gauche à droite, Kendall le fils aîné de la famille Roy, sa sœur Shiv et le plus jeune des frères de la fratrie Roman.
HBO De gauche à droite, Kendall le fils aîné de la famille Roy, sa sœur Shiv et le plus jeune des frères de la fratrie Roman.

Qu’il s’agisse des Murdoch ou des Roy, d’autres éléments viennent d’ailleurs brouiller la frontière entre réalité et fiction. À commencer par James Murdoch, le fils pressenti pour être successeur avant d’être écarté pour avoir été un peu trop critique sur le traitement de certains sujets médiatiques : le déni du réchauffement climatique par les médias de la Fox ou le traitement problématique de l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Des traits de caractère que l’on retrouve mélangés entre les personnages de Kendall et Siobhan (alias « Shiv »), quand le personnage de Roman semble un peu plus correspondre à celui de Lachlan Murdoch, bien plus conservateur et proche des idées et ambitions de son père pour l’entreprise familiale.

Pour son regard incisif, particulièrement noir et résolument visionnaire sur le petit monde de la politique et des médias américains, la série Succession a été largement plébiscitée par les spectateurs et la critique, raflant pas moins de neuf Golden Globes et cinq Emmys.

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