Ruffin (LFI) ironise sur le "pognon" et la "faïencerie"

S'adressant au "ministre de la faïencerie", le député La France insoumise François Ruffin a fustigé mardi devant l'Assemblée nationale la décision de l'Elysée de commander un service de table en porcelaine de Sèvres. /Photo d'archives/REUTERS/Charles Platiau

PARIS (Reuters) - S'adressant au "ministre de la faïencerie", le député La France insoumise François Ruffin a fustigé mardi devant l'Assemblée nationale la décision de l'Elysée de commander un service de table en porcelaine de Sèvres.

Dans une question à l'ironie grinçante, le député nordiste a fait le lien entre l'achat de ce service et les propos d'Emmanuel Macron affirmant que les aides sociales coûtaient "un pognon de dingue" au pays.

Pour la réalisation de ce service de table, "il en coûterait plus de 500.000 euros. Des démagogues s'en sont émus", a lancé François Ruffin. "De mon côté, je le dis tout net : peu importe le prix, pourvu que nos majestés de l'Elysée se restaurent en toute dignité."

En parlant de "pognon de dingue", le chef de l'Etat "ne songeait pas à sa vaisselle, ni aux 93 milliards de bénéfices du CAC 40, ni aux 47 milliards versés aux actionnaires. Il évoquait les mères célibataires, les accidentés de l'emploi. C'est vrai, les pauvres coûtent trop cher, leurs prestations sont un gouffre pour la Nation", a encore ironisé le député LFI. "Quand on donne aux pauvres c'est du gâchis, quand on donne aux riches, c'est de l'investissement."

"Quelles nouvelles mesures comptez-vous prendre pour que tous nos amis fortunés puissent changer leur faïencerie ?", s'est interrogé François Ruffin pour conclure.

Accusant le réalisateur du documentaire "Merci patron" de "faire son cinéma", le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a défendu pour sa part le "savoir-faire" de la manufacture de Sèvres.

"Je ne suis pas certain d'avoir saisi le sens profond de votre question, mais décidément vous avez du mal à ne pas faire ici votre cinéma", a-t-il répondu au député de la Somme, coutumier des coups d'éclat.

Usant à son tour de l'ironie, Benjamin Griveaux a remercié François Ruffin "d'avoir attiré la lumière sur ce savoir-faire français et sur les artisans de la manufacture de Sèvres."

Ce nouveau service de table, dont la commande à la Manufacture de Sèvres a été révélée début juin par le Journal du Dimanche, compte 900 assiettes de présentation et 300 assiettes à pain, soit 1.200 pièces, dont la réalisation a été confiée à l’artiste Évariste Richer. La livraison s'échelonne sur trois ans, avec une première livraison prévue pour fin 2018.

L'objectif, selon l'Elysée, est de renouveler un service qui remonterait à l'époque du président René Coty (1954-1959) et dont une partie seulement aurait été changée depuis par les différents chefs de l'Etat qui ont suivi.

La Manufacture de Sèvres a évoqué une enveloppe de 50.000 euros mais ce montant est sous-évalué selon le Canard enchaîné, qui a évoqué une commande d'un demi-million d'euros.

(Elizabeth Pineau, édité par Yves Clarisse)