Royaume-Uni: le staff de Johnson prié de "nettoyer" les téléphones après une fête en plein confinement

Boris Johnson quittant le numéro 10 Downing Street, le 8 décembre 2021. - Adrian DENNIS / AFP
Boris Johnson quittant le numéro 10 Downing Street, le 8 décembre 2021. - Adrian DENNIS / AFP

"On m'a dit de me débarrasser de tout ce qui pouvait paraître mauvais". De nouvelles révélations sur des fêtes organisées au 10, Downing Street alors que le Royaume-Uni était confiné, en 2020, accentuent la tourmente dans laquelle se trouve Boris Johnson. Le Premier ministre britannique lui-même aurait notamment participé à une fête le 20 mai 2020 dans sa résidence de Downing Street à laquelle était conviée une centaine d'employés du cabinet, alors que les Britanniques n'étaient autorisés à rencontrer qu'une seule autre personne à l'extérieur.

Selon des informations de The Independent, le personnel du "numéro 10" aurait reçu l'ordre de "nettoyer" ses téléphones de toutes les informations qui pourraient suggérer la tenue de soirées pendant le confinement. Selon le journal, cette demande a été faite début décembre, après que les premières révélations ont éclaté.

Des "pressions"

Les deux sources citées affirment qu'un membre senior du personnel leur a dit que ce serait une "bonne idée" de supprimer tout message impliquant qu'ils avaient participé ou étaient même au courant de quelque chose qui pourrait "ressembler à une fête". L'un d'eux déclare qu'on lui a "dit de nettoyer son téléphone au cas où" il devrait le remettre à l'enquête.

"On s'est appuyé sur moi [pendant la discussion avec un supérieur] et on m'a dit de me débarrasser de tout ce qui pouvait paraître mauvais", révèle un employé de Downing Street.

Les deux affirment qu'ils se sont sentis "sous pression" pour supprimer les potentielles communications et images.

Face à ces nombreuses révélations, Boris Johson a reconnu ce mercredi avoir fait une apparition à un rassemblement dans les jardins de Downing Street en plein confinement, soutenant qu'il avait alors cru "implicitement" qu'il s'agissait d'une réunion de travail. Il a adressé ses excuses aux Britanniques. Le chef de l'opposition travailliste a réclamé dans la foulée sa démission.

Enquête ouverte

Une enquête interne a été ouverte pour violation des règles sanitaires après la révélation d'un e-mail à une centaine de personnes, les conviant "après une période incroyablement chargée", à "profiter du beau temps" lors d'un pot "avec distanciation sociale" dans les jardins de Downing Street, en mai 2020.

L'enquête, menée par la haut-fonctionnaire Sue Gray, ne peut pas accéder aux téléphones personnels, à moins que le staff ne se porte volontaire, mais uniquement aux téléphones du lieu de travail. Étant donné que de nombreux membres du personnel qui ont participé aux soirées de confinement ne travaillent plus au "numéro 10", et que d'autres ont effacé les messages de leurs téléphones, il sera difficile pour de rassembler toutes les preuves disponibles d'actes répréhensibles, expliquent les sources à The Independent.

Critiques des oppositions

Un porte-parole du Premier ministre a nié les allégations. "Le personnel a reçu des instructions claires pour conserver toute information pertinente. Comme indiqué dans le mandat, tout le personnel est censé coopérer pleinement avec l'enquête", a-t-il déclaré.

Face à la tempête, les critiques pleuvent. "Les dernières révélations sur ce scandale soulèvent encore plus de questions (...). Une culture de la dissimulation est endémique dans au numéro 10 de Boris Johnson et la pourriture commence au sommet", dénonce Angela Rayner, la vice-présidente du parti travailliste.

"Le public mérite de connaître la vérité sur ce qui s'est passé pendant qu'il faisait tant de sacrifices pour obéir aux règles", poursuit-elle.

Perte de confiance

Dans la même tendance, Alistair Carmichael, du parti des libéraux-démocrates n'a pas mâché ses mots à l'encontre du Premier ministe.

"Détruire des preuves pour ce qui pourrait bientôt être une enquête de police est une infraction incroyablement grave. Pas étonnant que le public ait perdu toute confiance dans le Downing Street de Boris Johnson", déclare-t-il.

Article original publié sur BFMTV.com