Le Royaume-Uni n’ira plus au charbon
Avec la mise à l’arrêt de la centrale de Ratcliffe-on-Soar, le 30 septembre, le Royaume-Uni en a fini avec le charbon. Les huit tours de refroidissement dominent encore pour quelques années le paysage du Nottinghamshire, au cœur du bassin houiller anglais, mais elles ne laisseront plus échapper le moindre panache. Un événement unanimement salué pour sa portée symbolique. Le premier pays au monde à avoir tout misé, à l’aube de la révolution industrielle, sur cet “or noir” est aussi le premier parmi les pays les plus industrialisés du monde à renoncer définitivement à produire de l’électricité avec du charbon, principale source d’émissions de dioxyde de carbone.
“C’est une date vraiment historique”, souligne Joel Jaeger, chercheur au World Resources Institute, dans The Washington Post. L’exemple britannique prouve que d’autres pays pourraient réduire “très rapidement” leur consommation de charbon thermique, qui pèse encore pour 35,5 % dans le bouquet énergétique mondial.
À vrai dire, les tours de la centrale de Ratcliffe-on-Soar, capable d’alimenter en électricité quelque 2 millions de foyers, ne fumaient déjà plus qu’exceptionnellement, en cas de pic de consommation. À partir de la fin des années 1960, quinze centrales à charbon avaient été édifiées le long de la rivière Trent pour produire au total un quart de l’électricité du pays. Mais alors même que la “Megawatt Valley” tournait à plein régime, le charbon devenait de moins en moins rentable. Abondantes et bon marché, les réserves de gaz naturel de la mer du Nord avaient donné le coup d’envoi de la “ruée vers le gaz”, rappelle The Times. En 1980, le charbon représentait 75 % de la production d’électricité britannique. En 2000, il ne comptait plus que pour 32 %. Treize ans après, la loi sur l’énergie de 2013 instaurait pour la première fois des critères de décarbonation, encourageait le développement d’énergies de substitution – en premier lieu l’éolien offshore – et donnait le coup de grâce au charbon.
Et maintenant ? La fermeture de la dernière centrale à charbon “laisse un vide”, constate le Times. À Ratcliffe-on-Soar, où les habitants auront besoin d’autres solutions en matière d’emploi, mais aussi dans le système énergétique britannique. “Elle pose des questions difficiles sur la manière dont nos besoins insatiables en énergie vont pouvoir être satisfaits à l’avenir.” De fait, la décarbonation du secteur de l’électricité est loin d’être achevée outre-Manche, malgré le boom spectaculaire de l’éolien. Objectif fixé par Ed Miliband, le nouveau secrétaire d’État à la Sécurité énergétique et à la Neutralité carbone : atteindre 100 % d’électricité “propre” d’ici à 2030, essentiellement grâce au développement de gigantesques parcs éoliens offshore comme Hornsea 4, qui s’étend sur 462 km2 au large du Yorkshire.
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