Royaume-Uni: Keir Starmer n'exclut pas d'interdire le tabac dans certains espaces extérieurs
Un tour de vis pour le tabagisme. Au Royaume-Uni, le gouvernement travailliste de Keir Starmer réfléchit à étendre l'interdiction de fumer à certains espaces extérieurs. Comme les jardins des pubs, les restaurants en plein air, les campus universitaires ou encore les aires de jeux pour enfants, a révélé le tabloïd britannique The Sun.
Cette restriction pourrait également cibler les cigarettes électroniques ainsi que les bars à chicha. Les restrictions ne s'appliqueraient pas aux habitations privées ni aux grands espaces ouverts, comme les parcs ou les rues.
Cette mesure s'inscrit dans un projet de loi plus global pensé à l'origine par l'ancien Premier ministre conservateur Rishi Sunak sur le tabac et les cigarettes électroniques. Ce projet prévoit notamment d'interdire la vente de produits du tabac à toute personne née le 1er janvier 2009, ou après, à compter du 1er janvier 2027, créant ainsi une "génération sans tabac".
Le "tabagisme tue 80.000 personnes par an"
Concernant la restriction de certains espaces extérieurs, Keir Starmer n'a pas démenti, ni confirmé, selon la presse britannique.
Interrogé à ce sujet, il a seulement répondu que son "point de départ est de rappeler à tout le monde que plus de 80.000 personnes perdent la vie chaque année à cause du tabagisme".
"Il s’agit d’un décès évitable, qui représente un fardeau énorme pour le NHS et, bien sûr, pour le contribuable. Nous allons donc prendre des décisions dans ce domaine, et nous en dirons plus à ce sujet", a-t-il déclaré selon The Guardian.
Avant d'ajouter: "Il est important de trouver le bon équilibre, mais tous ceux qui utilisent le NHS sauront qu'il est à genoux".
Un porte-parole du ministère de la Santé et des Affaires sociales n'a pas voulu faire de commentaire sur ces "fuites". Tout en soulignant que le "tabagisme tue 80.000 personnes par an, exerce une pression énorme sur notre NHS et coûte des milliards aux contribuables".
"Nous sommes déterminés à protéger les enfants et les non-fumeurs des méfaits du tabagisme passif. Nous envisageons une série de mesures pour faire enfin de la Grande-Bretagne un pays sans tabac", a dit ce porte-parole.
"Le véritable défi sanitaire de notre époque"
Du côté des professionnels de santé, la mesure est saluée. La directrice de l'Association nationale des autorités sanitaires, la Dr Layla McCay, se dit "ravie de voir que des progrès sont réalisés et que l'intention est d'aller de l'avant pour s'attaquer réellement à l'un des principaux facteurs d'inégalités en matière de santé en Grande-Bretagne".
"C'est le véritable défi sanitaire de notre époque", a-t-elle estimé sur les ondes de BBC Radio 4.
Les groupes anti-tabac ont quant à eux souligné qu'il était important d'autoriser certains espaces extérieurs pour fumer, afin que les gens ne fument pas seulement à l'intérieur de leur domicile créant des effets néfastes supplémentaires sur la santé.
La crainte de la fermeture des pubs
Le son de cloche diffère du côté des professionnels de l'hôtellerie et de la restauration. La directrice générale de UKHospitality, Kate Nicholls qui représente des milliers de pubs, restaurants et cafés, a déclaré qu'une interdiction pourrait causer "un préjudice économique grave" à ces établissements, d'après Sky News. Elle prend notamment comme argument le nombre "important" de fermetures des pubs après l'interdiction de fumer à l'intérieur en 2007 et appelle le gouvernement à s'entretenir en "détail" avec l'industrie.
Le candidat à la direction du Parti conservateur, Robert Jenrick, a lui aussi déclaré selon The Sun que "la dernière chose dont ce pays a besoin, c'est de voir des milliers de pubs supplémentaires fermer". L'ex-ministre de l'Intérieur et actuelle parlementaire, Priti Patel pense quant à elle "qu'imposer une réglementation étatique comme celle-ci aux pubs et aux restaurants serait non seulement erroné mais aussi préjudiciable sur le plan économique".
"Ce sont de petites entreprises, dirigées par des gens qui travaillent dur, qui fournissent des emplois dans tout le pays", a-t-elle ajouté accusant le parti travailliste de "priver le peuple britannique de ses libertés et de ses choix".
Selon l'association caritative Action on Smoking (Ash), il y a eu une réduction de 2,4 % des admissions à l'hôpital pour crises cardiaques en Angleterre au cours de l'année qui a suivi l'introduction des lois anti-tabac en 2007, rappelle The Guardian. Soit 12.000 admissions en moins dans les hôpitaux et 8.4 millions de livres sterling d'économisés. De même, l'admission à l’hôpital pour asthme infantile a été réduite de 12,3 %.