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Royaume-Uni: le "Guardian" présente ses excuses pour les liens de ses fondateurs avec l'esclavage

Royaume-Uni: le "Guardian" présente ses excuses pour les liens de ses fondateurs avec l'esclavage

"Le propriétaire du Guardian s'excuse pour les liens de ses fondateurs avec l'esclavage". C'est sur ces mots écrits en gras qu'a décidé de titrer son édition du mercredi 29 mars le réputé et influent quotidien britannique The Guardian.

Dans un article publié à la fois dans ses éditions papier et numérique, le titre londonien a tenu à faire amende honorable, après que les conclusions de travaux académiques indépendants demandés en 2020, explorant les liens entre le fondateur du journal et ses soutiens financiers avec l'esclavage transatlantique, aient été rendues publiques.

Le rôle du commerce du coton

En 1821, le journaliste John Edward Taylor fonde à Manchester The Manchester Guardian. Problème, il est également marchand de coton, tout comme plusieurs de ses soutiens financiers.

En se basant sur de nombreux registres et documents d'époques, les universitaires rattachés aux établissements de Nottingham et de Hull ont pu établir que John Edward Taylor, et au moins neuf de ses 11 soutiens, avaient des liens directs ou non avec l'esclavage.

Ainsi, le fondateur du Guardian travaillait avec plusieurs entreprises qui importaient du coton produit par des esclaves. Les universitaires ont même pu remonter jusqu'à plusieurs anciennes plantations situées sur les Sea Islands, qui bordent aux États-Unis les côtes de la Caroline du Sud et de la Géorgie.

"Nous nous excusons"

"Nous faisons face et nous nous excusons du fait que notre fondateur et ceux qui l'ont financé ont tiré leur richesse d'une pratique qui était un crime contre l'humanité", a déclaré Katharine Viner, la rédactrice en chef du Guardian.

Ole Jacob Sunde, à la tête du Scott Trust, l'entité qui possède le quotidien, a également tenu à présenter ses excuses: "Le Scott Trust est profondément désolé pour le rôle que John Edward Taylor et ses soutiens ont joué dans le commerce du coton".

Avant d'ajouter: "Nous sommes conscients que s'excuser et présenter ces faits de manière transparente constituent seulement la première étape dans la reconnaissance des liens historiques du Guardian avec l'esclavage".

Changement de la ligne éditoriale

Car après la révélation de ces faits, le journal et ses propriétaires entendent entamer une démarche de "justice restaurative", avec un fonds doté de 10 millions de livres, soit environ 11,3 millions d'euros.

Une première partie sera reversée aux descendants d'esclaves qui ont produit du coton utilisé par John Edward Taylor, notamment dans la région de Gullah Geeche, zone côtière de Caroline du Sud et de Géorgie aux États-Unis, mais également en Jamaïque.

Parallèlement à ces actions, il est également prévu que ce fonds serve à sensibiliser davantage à la question de l'esclavage et ses conséquences toujours actuelles, et à renforcer la diversité dans les médias.

La ligne éditoriale du journal est enfin appelée à évoluer, avec une plus grande quantité de reportages sur les communautés noires au Royaume-Uni, aux États-Unis, dans les Caraïbes, en Amérique du Sud ou en Afrique, en partie réalisés par 12 nouveaux journalistes qui vont être spécialement recrutés.

Article original publié sur BFMTV.com