Royaume-Uni : en France, la gauche jusqu’ici bien seule à condamner les émeutes racistes

Des manifestants d’extrême droite photographiés à Bristol samedi 3 août.
JUSTIN TALLIS / AFP Des manifestants d’extrême droite photographiés à Bristol samedi 3 août.

POLITIQUE - Un drame atroce. Une instrumentalisation politique aidée par la diffusion massive de fake news, et une situation qui dégénère. Depuis plusieurs jours, le Royaume-Uni est secoué par des violences commises en réaction de l’attaque au couteau survenue le 29 juillet à Southport (Angleterre), commise par un adolescent de 17 ans, né à Cardiff, au Pays de Galles.

Attaque au couteau en Angleterre : une émeute éclate après une veillée en l’honneur des trois filles tuées

Une tragédie qui a provoqué la mort de trois fillettes, et déclenché la colère de plusieurs collectifs d’extrême droite, qui focalisent sur l’origine de l’assaillant et perçoivent dans ce meurtre une conséquence directe de l’immigration. Résultat : une colère raciste qui apparaît hors de contrôle, entre attaques de mosquées (malgré la religion catholique de l’adolescent impliqué) et incendies de centre d’hébergement pour migrants.

Alors que l’exécutif britannique promet une réponse ferme face aux émeutiers, la situation a aussi attiré l’attention en France, où plusieurs responsables politiques (surtout à gauche) ont dénoncé ces actes de haine. « À Londres et dans une dizaine de villes de Grande-Bretagne, des milices d’extrême droite organisent depuis plusieurs jours la chasse aux immigrés et le pillage des magasins. L’extrême droite, c’est la guerre civile ! », a condamné dans un tweet le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel.

« Chasse à l’homme de couleur »

« Insupportables violences xénophobes. Le déchaînement de racisme, notamment anti-musulman, en Angleterre est un poison entretenu par l’extrême droite (et particulièrement EDL, Ligue de défense anglaise), amplifié par les fake news. C’est aussi ainsi que les démocraties vacillent », a renchéri le député socialiste de l’Essonne, Jérôme Guedj. « L’extrême droite est une menace pour la paix civile, instrumentalisant les drames humains, cultivant la haine de l’autre, prospérant sur les peurs. La violence est son apanage. Soutien absolu au gouvernement britannique dans sa fermeté pour rétablir l’ordre », a réagi le maire socialiste de Montpellier, Michaël Delafosse.

Plusieurs parlementaires LFI sont également montés au créneau, à l’image de Thomas Portes, Carlos Martens Bilongo ou Antoine Léaument. « Le chaos du Royaume-Uni, c’est ce que le RN veut voir en France. Le meurtre des 3 fillettes est un crime abominable. L’instrumentalisation du drame, l’excitation des haines : voilà tout ce que fait l’extrême droite », a tweeté ce dernier, faisant remarquer qu’un triple meurtre commis par une personne d’origine britannique il y a quelques semaines n’avait pas suscité la moindre réaction des milieux nationalistes.

« Le profil du tueur ne collait pas aux obsessions racistes. Les meurtriers doivent être jugés pour leurs crimes, pas instrumentalisés », a-t-il poursuivi, tandis que son collègue du Val-d’Oise a dénoncé « des chasses à l’homme de couleur » sur le même réseau social.

Alors que le camp présidentiel et Les Républicains restaient pour le moment silencieux, plusieurs responsables du Rassemblement national n’ont pas résisté à la tentation de se montrer compréhensif à l’égard des émeutiers.

C’est notamment le cas du député RN Matthias Renault, qui pointe sur X « l’échec » du « modèle communautariste » anglo-saxon. « L’assassinat de trois jeunes filles a mis le feu aux poudres, provoquant des émeutes anti-immigration, spontanées et désorganisées. Sans débouché politique légal, la colère a fini par exploser », a-t-il expliqué, avant de dédouaner les auteurs de ces violences : « On peut regretter la tournure de ce genre d’événements, mais la responsabilité politique est totale. L’immigration de masse, qu’elle ait une motivation économique ou sans-frontiériste, est un choix politique délétère, qui heurte et désorganise les peuples autochtones ».

Député RN du Var, Philippe Lottiaux a quant à lui dénoncé le traitement médiatique des émeutes fait par LCI, qui montrait comment l’extrême droite locale avait provoqué l’embrasement. « Comment l’assassinat abject de 3 fillettes a mis le feu aux poudres plutôt. Normalement, les médias informent. Souvent hélas, les médias déforment… », a-t-il taclé, laissant entendre que les émeutiers ne sont pas si responsables que ça de la situation.

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