Royal évoque la construction de nouvelles centrales nucléaires

La centrale de Fessenheim. Dans un entretien publié mardi sur le site du magazine l'Usine nouvelle, Ségolène Royal déclare que de nouvelles centrales nucléaires devront être construites en France pour assurer le remplacement d'une partie du parc actuel vieillissant. /Photo d'archives/REUTERS/Vincent Kessler

PARIS (Reuters) - De nouvelles centrales nucléaires devront être construites en France pour assurer le remplacement d'une partie du parc actuel vieillissant, déclare Ségolène Royal, la ministre de l'Ecologie et de l'Energie, ce qui constitue la première déclaration officielle d'un membre du gouvernement en faveur de cette option. "Il faut (...) programmer la construction d'une nouvelle génération de réacteurs, qui prendront la place des anciennes centrales lorsque celles-ci ne pourront plus être rénovées", dit-elle dans un entretien publié mardi sur le site du magazine l'Usine nouvelle. La nouvelle loi sur la transition énergétique, qui est actuellement examinée par le Sénat après avoir été adoptée l'an dernier par l'Assemblée nationale, prévoit de réduire la part du nucléaire dans la production d'électricité de 75% à 50% en 2025. Elle instaure également un plafonnement de la capacité de production nucléaire française à son niveau actuel de 63 gigawatts et implique donc la fermeture de deux réacteurs nucléaires lors de la mise en service da la première centrale de nouvelle génération (EPR), prévue à Flamanville (Manche) en 2017. Sans s'engager formellement, Ségolène Royal réaffirme "qu'à ce stade" la première centrale à fermer devrait être celle de Fessenheim (Haut-Rhin), la plus ancienne, "puisqu'il n'y a pas d'autres propositions sur la table". Vers 14h30, le titre EDF (+3,4% à 22,21 euros) enregistrait l'une des plus fortes progressions du CAC 40, à la suite de ces propos. Mark Lewis, analyste chez Kepler Cheuvreux à Paris, estime que ces déclarations traduisent une modification substantielle de la position jusqu'ici très prudente affichée par Ségolène Royal et par le gouvernement sur ce sujet. "Le problème, c'est qu'une centrale de nouvelle génération n'est pas rentable en dessous d'un prix de 100 euros par Megawatt/heure, il suffit de regarder le prix garanti par le gouvernement britannique à EDF pour Hinkley C", ajoute-t-il toutefois. Pour cette centrale dont il sera l'opérateur, EDF bénéficiera d'un prix garanti de 92,50 livres (119 euros) par MW/h durant 35 ans, soit plus du double du prix actuel du marché. En France, EDF doit investir 55 milliards d'euros d'ici 2025 dans l'entretien de ses centrales actuelles, afin notamment de les adapter aux nouveaux standards de sécurité qui se sont imposés après la catastrophe de Fukushima au Japon. Afin d'étaler les investissements, EDF souhaite pouvoir prolonger la vie de ses centrales au-delà des 40 ans prévus actuellement, jusqu'à 50 voire 60 ans. "Je n'ai pas mis dans la loi sur la transition énergétique une limitation à 40 ans comme le voulaient les écologistes (...) Certaines centrales peuvent vivre plus longtemps", a ajouté Ségolène Royal. La décision d'une éventuelle extension de la durée de vie des centrales françaises revient à l'Autorité de sécurité nucléaire (ASN), qui doit précision sa position sur le sujet cette année avant de prendre une décision définitive en 2018-2019. (Michel Rose, avec la contribution de Jean-Michel Bélot, édité par Gilles Guillaume)