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Roselyne Bachelot, une femme de droite au franc-parler au poste de ministre de la Culture

L'ancienne ministre de la Santé Roselyne Bachelot a été désignée ministre de la Culture du troisième gouvernement du mandat présidentiel d’Emmanuel Macron.

Pressentie depuis ce lundi matin pour faire partie du gouvernement Castex, Roselyne Bachelot a été nommée ministre de la Culture ce lundi 6 juillet, huit ans après avoir quitté la vie politique. Retour sur son parcours.

C’est le grand retour de Roselyne Bachelot dans le paysage politique français. La native de Nevers vient d’être désignée ministre de la Culture dans le nouveau gouvernement Castex et succède donc à Franck Riester, auteur d’un bilan mitigé à ce poste. C’est donc huit ans après sa retraite politique que Roselyne Bachelot revient sur le devant de la scène, elle qui avait pourtant déclaré en mai 2020 dans l’émission les Grosses têtes qu’un nouveau poste de ministre serait un “malheur”, un “cauchemar”.

Avant la politique, Roselyne Bachelot avait débuté sa carrière professionnelle dans le domaine pharmaceutique. Déléguée médicale au sein du laboratoire ICI Pharma de 1969 à 1976 puis chargée des relations publiques chez Soguipharm, ce n’est qu’en 1988 qu’elle obtient son doctorat en pharmacie à l’Université d’Angers, à l’âge de 41 ans.

Une politique de droite menant des combats de gauche

Elle débute sa carrière en politique au début des années 1980 en tant que conseillère générale du Maine-et-Loire (1982-1988) et est conseillère régionale des Pays de la Loire en 1986. En 1989, elle devient secrétaire générale adjointe du RPR où elle cumule des fonctions au sein du parti (qui devient par la suite l’UMP) avec des mandats locaux et parlementaires. En parallèle, elle s’implique dans des associations féministes, de lutte contre le Sida et en faveur des personnes handicapées. En novembre 1998, elle se fait remarquer grâce à son plaidoyer à l’Assemblée en faveur du PACS où elle se retrouve seule contre tous ses collègues de droite.

Porte-parole de Jacques Chirac dans le cadre de l’élection présidentielle de 2002, elle devient dès son élection ministre de l’Écologie et du Développement durable dans les deux premiers gouvernements Raffarin. Sa forte personnalité et son franc-parler ne font pas l’unanimité notamment auprès des écologistes. Ses prises de position sur le nucléaire et la guerre en Irak se transforment vite en gaffes tout comme sa sortie sur la canicule de 2003 où elle conseille aux automobilistes de “garer les voitures à l’ombre”.

Celle qui est jugée comme “une erreur de casting” par Nicolas Hulot perd son poste en 2004 et redevient alors conseillère régionale, siège au parlement européen de 2004 à 2007 et est nommé secrétaire générale adjointe de l’UMP par Nicolas Sarkozy en 2006. Après la victoire de ce dernier lors de l’élection présidentielle de 2007, elle est désignée ministre de la Santé et des Sports par son grand ami François Fillon, et le reste jusqu’en 2010.

Une réhabilitation suite au Covid-19

Son passage est marqué par une violente mise en cause en 2009, lors de la crise de la grippe H1N1, lorsqu’elle commande en masse des masques et des vaccins pour lutter contre la pandémie. Alors que la maladie est repérée au printemps 2009 au Mexique, Roselyne Bachelot, soutenue par Nicolas Sarkozy et François Fillon, passe au début de l’été une commande de 94 millions de doses de vaccins et 195 millions d’euros sont prévus pour l’acquisition de masques chirurgicaux et FFP2. Sauf que “seulement” 342 personnes décèdent en France et moins de 10% de la population se fait vacciner, ce qui donne lieu à de très nombreuses critiques à son encontre. Elle est alors accusée, notamment par le député PS Michel Issindou, d’avoir gaspiller l’argent public pour des masques encombrants et inutiles. Elle se défend en évoquant un “stock de précaution destiné à toutes sortes de pandémies”.

Dix ans après avoir été littéralement fustigé pour la gestion de la crise sanitaire de 2009, Roselyne Bachelot a donc vu son blason quelque peu redoré lors de la crise de Covid-19 qui lui a donné raison lorsque la France est tombée en pénurie de masques. Débarquée de son poste en 2010 lors du remaniement ministérielle, elle est dans la foulée nommée ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale dans le troisième gouvernement Fillon, ce qui sera jusqu’à aujourd’hui son dernier poste en politique.

Un procès perdu pour diffamation

Depuis, elle s’est reconvertie à la radio et à la télévision en tant qu’animatrice ce qui l’a rendue encore plus connue du grand public qu’elle ne l’était déjà. Elle devient alors une “journaliste engagée” et souhaite obtenir une carte de presse. Ses prises de position et son franc-parler attirent de nombreux médias, mais lui coûtent parfois cher. En avril 2016, le joueur de tennis espagnol Rafael Nadal dépose une plainte pour diffamation contre l’ancienne ministre de la Santé et des Sports qui l’accuse ouvertement de dopage sur la chaîne D8. Elle perd son procès et est condamnée à lui verser 10 000 euros en réparation de son “préjudice moral”.

Si la femme de 73 ans réputée fan inconditionnelle d’opéra et de musique classique semblait s’éloigner un peu plus de jour en jour du paysage politique, sa réhabilitation lors de la crise de Covid-19 a peut-être bien pesé dans la balance dans ce retour surprise en tant que ministre de la Culture.

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