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Rome promet la rigueur pour obtenir un assouplissement de l'UE

ROME (Reuters) - Le nouveau gouvernement italien a donné mardi l'indication la plus claire jusqu'à présent de son intention de demander un assouplissement des règles budgétaires dans l'Union européenne après avoir convaincu ses partenaires qu'il saurait contenir les dépenses et engager des réformes économiques.

En présentant des objectifs économiques révisés qui, selon eux, vont dans le sens de la rigueur budgétaire, le président du Conseil, Matteo Renzi, et le ministre de l'Economie, Pier Carlo Padoan, ont dit que Rome ferait de la révision des règles sur le déficit budgétaire un objectif de ses six mois à la présidence de l'Union européenne qui débute en juillet.

Leurs déclarations laissent penser que la France trouvera un allié dans sa demande d'un délai supplémentaire pour réduire son déficit budgétaire, alors que le débat est ouvert au sein de l'Union sur la nécessité de se focaliser davantage sur la croissance et la création d'emplois et moins sur l'austérité.

"Souhaitons-nous nous en tenir à ces chiffres afin de changer les règles européennes? Oui, c'est vrai dans un certain sens", a déclaré Pier Carlo Padoan à la presse.

Matteo Renzi, qui juge dépassée la limite de 3% de déficit fixée par l'Union européenne et a noté à plusieurs reprises que des économies plus fortes que celles de l'Italie étaient autorisées à passer outre, a lui aussi affirmé cette volonté.

"Nous voulons plus que jamais changer la direction de l'Europe", a-t-il dit, tout en ajoutant que le pays serait dans une position plus forte pour le faire s'il respectait ses engagements financiers et budgétaires pour le moment.

PETITS DÉRAPAGES

Quoiqu'en disent Matteo Renzi et Pier Carlo Padoan, les nouveaux objectifs ne respectent pas totalement les règles et pourraient être mal perçus par la Commission européenne.

Le nouveau gouvernement a dévoilé mardi ses objectifs économiques et budgétaires dans le cadre d'un plan pluriannuel qui sera ensuite soumis à la Commission.

Le Document économique et financier (DEF) révise légèrement à la baisse la prévision de croissance 2014 du pays, à 0,8% au lieu des 1,1% visés par le prédécesseur de Matteo Renzi, Enrico Letta, et abaisse la prévision de croissance 2015 à 1,3% au lieu de 1,7%.

Ce chiffre reste supérieur aux estimations du Fonds monétaire international et de la Commission européenne, qui prévoient tous deux une croissance de 0,6% pour l'Italie cette année, parmi les plus faibles performances dans la zone euro.

Le gouvernement a également revu légèrement à la hausse son objectif de déficit budgétaire 2014 à 2,6% du produit intérieur brut (PIB) au lieu de 2,5%, tout en restant bien en dessous de la limite de 3% fixée par l'Union européenne, et à 1,8% du PIB en 2015, contre 1,6% auparavant.

Matteo Renzi a par ailleurs annoncé à la presse que les 6,7 milliards d'euros de baisses d'impôts prévues pour cette année seraient financées par une réduction de 4,5 milliards d'euros des dépenses et des recettes de 2,2 milliards d'euros tirées de la hausse de la TVA et d'une taxation indirecte des banques.

(Guiseppe Fonte et Gavin Jones, Juliette Rouillon pour le service français, édité par Danielle Rouquié)