Rome ferme ses ports à plusieurs ONG étrangères

Le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, a interdit samedi aux bateaux affrétés par plusieurs ONG étrangères d'entrer dans les ports de la péninsule et déploré que l'une d'entre elles ait pu le qualifier de fasciste. /Photo prise le 7 juin 2018/REUTERS/Tony Gentile

ROME (Reuters) - Le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini, a interdit samedi aux bateaux affrétés par plusieurs ONG étrangères d'entrer dans les ports de la péninsule et déploré que l'une d'entre elles ait pu le qualifier de fasciste.

Après l'Aquarius, le Lifeline et le Seefuchs, deux bateaux battant pavillon néerlandais qui transportent des migrants, ont à leur tour été privé d'accès aux ports italiens.

"Ils devraient savoir que l'Italie ne souhaite plus se rendre complice du commerce de l'immigration illégale et donc qu'ils vont devoir chercher d'autres ports, non-italiens", a déclaré Matteo Salvini.

Pour Rome, les ONG sont exploitées par les trafiquants d'êtres humains, une accusation qu'elles réfutent, et seuls les migrants secourus par des bateaux italiens sont désormais autorisés à débarquer en Italie.

Matteo Salvini, issu de la Ligue, parti d'extrême droite, a par ailleurs répliqué à Mission Lifeline, une ONG allemande qui l'avait qualifié de fasciste.

"Les insultes et les menaces ne nous arrêterons pas", a-t-il prévenu.

Plus de 600.000 migrants ont atteint l'Italie par bateau depuis 2013. Les arrivées ont reculé de 85% depuis le début de l'année grâce aux accords conclus par le gouvernement italien précédent pour empêcher les départs des côtes libyennes, mais les sauvetages se sont à nouveau multipliés ces derniers jours.

Les relations entre Rome et le reste de l'Europe se sont brusquement tendues la semaine dernière après le refus de l'Italie d'accueillir les 629 migrants transportés par l'Aquarius qui a relancé le débat sur le système d'accueil européen.

Ce refus a également envenimé les relations entre l'Italie et la France où plusieurs voix se sont élevées pour critiquer l'attitude de l'Italie.

Malgré ses hésitations, le président italien du Conseil, Giuseppe Conte, s'est rendu vendredi à Paris où il a rencontré le président français, Emmanuel Macron.

Les deux hommes ont notamment exprimé leur volonté de renforcer leur coopération sur les questions migratoires et celle de réformer le système dit de Dublin qui oblige les pays de l'Union européenne où débarquent les migrants à gérer leurs demandes d'asile - et vers lesquels sont renvoyés ceux qui passent dans d'autres pays.

Selon un sondage publié par le Corriere della Sera, 59% des Italiens soutiennent la décision du gouvernement d'interdire les ports italiens aux bateaux non-italiens et 68% d'entre eux jugent que Matteo Salvini a eu raison de faire valoir sa position auprès des pays européens.

(Philip Pullella, Nicolas Delame pour le service français)