Rome et Berlin d'accord sur les migrants, pas sur le financement

par Crispian Balmer ROME (Reuters) - Rome et Berlin sont d'accord sur la manière dont l'Europe doit gérer la crise migratoire et s'opposent à l'érection de clôtures frontalières, mais les deux capitales divergent en revanche sur le mode de financement des initiatives à destination des réfugiés. La chancelière allemande Angela Merkel, en visite à Rome, et le président du Conseil italien Matteo Renzi ont averti que si l'Union européenne ne réussissait pas à parler d'une même voix sur la question des migrants, les vieux fantômes du nationalisme resurgiraient de plus belle. Les questions d'immigration ont dominé les entretiens des deux dirigeants, jeudi à Rome. Tous deux se sont déclarés d'accord pour que des efforts plus grands soient entrepris afin d'aider les pays d'Afrique à contenir le flot de réfugiés cherchant à traverser la Méditerranée. Près de 29.000 migrants ont atteint l'Italie par bateau depuis le début de l'année, soit un millier de plus qu'à la même période l'an dernier. Pour les ONG humanitaires, l'itinéraire entre l'Afrique du Nord et l'Italie est désormais l'itinéraire privilégié qu'empruntent les demandeurs d'asile depuis qu'un accord a été conclu en mars entre l'Union européenne et la Turquie, lequel a eu pour conséquence de freiner fortement le flux de migrants atteignant les côtes grecques. PAR LE COL DU BRENNER Rome et Berlin se sont dits "totalement opposés" au projet de l'Autriche de construire une clôture le long de sa frontière avec l'Italie pour lutter contre l'afflux de migrants, a déclaré jeudi Matteo Renzi à l'issue de son entretien avec la chancelière. "Nous avons exprimé notre totale opposition et, à certains égards, notre indignation face à la position adoptée par nos amis autrichiens", a déclaré Matteo Renzi pendant une conférence de presse. L'Autriche a fait part de son intention d'ériger une barrière aux abords du poste-frontière du col de Brenner pour "canaliser" les réfugiés et migrants qui cherchent à gagner son territoire et, au-delà, l'Allemagne et les pays d'Europe du Nord. Le ministre autrichien de l'Intérieur, Wolfgang Sobotka, a déclaré le mois dernier à Rome qu'il s'attendait à ce qu'un million de migrants franchissent la Méditerranée cette année au départ de la Libye. L'Italie estime leur nombre bien inférieur, même si elle s'attend à un afflux accru cet été à la faveur de conditions climatiques favorables. Outre les migrants venant d'Afrique du Nord, le passage du col du Brenner a également été emprunté ces derniers mois par les réfugiés qui arrivent de Turquie via la Grèce et les Balkans depuis que la Hongrie a elle aussi érigé une clôture le long de sa frontière avec la Roumanie, la Serbie et la Croatie. (Tangi Salaün et Eric Faye pour le service français)