Les romans russes pour comprendre la guerre

Il faut lire Guerre et Paix de Léon Tolstoï, mais aussi ses Récits de Sébastopol. | National Library of Armenia via Wikimedia Commons
Il faut lire Guerre et Paix de Léon Tolstoï, mais aussi ses Récits de Sébastopol. | National Library of Armenia via Wikimedia Commons

La Russie est un pays à part. À la différence de l'Europe, elle n'a connu ni Moyen Âge, ni Renaissance, ni Réforme, ni Lumières, ni révolution industrielle. Vers la fin du XVIIIe siècle, la production littéraire, encore modeste, souffre d'obstacles majeurs: l'analphabétisme (3% des Russes savent lire en 1800, contre 50% au Royaume-Uni), la langue (la poésie est en slavon, la rue parle le russe populaire et l'aristocratie le français) et la censure féroce du régime. Et soudain, au tournant du XIXe siècle, emmenée d'abord par Alexandre Pouchkine et Nicolas Gogol, puis par les grands romanciers, la littérature russe connaît son âge d'or.

Contrairement aux États-Unis, les lettres occupent une place essentielle dans l'enseignement. Les enfants y sont initiés aux grands auteurs dès l'âge de 10 ans. Leurs noms, leurs statues, les titres de leurs œuvres font partie du quotidien, les Russes éduqués les mentionnent dans la vie de tous les jours. Même Vladimir Poutine, entre une chasse au tigre et un crawl dans un lac glacé, dit lire Léon Tolstoï et Fiodor Dostoïevski.

L'Europe, et particulièrement la France, fascinée depuis Voltaire et Diderot par le pays-continent eurasiate, met les grands auteurs russes sur un piédestal, le style de Tolstoï, la poésie de Pouchkine, la profondeur psychologique de Dostoïevski, l'humour noir de Gogol. Et pourtant, elle semble en ignorer l'essentiel: la littérature russe n'est pas seulement géniale, elle est aussi le miroir de la culture et des valeurs d'un pays qui s'est toujours défini en opposition à «l'Occident».

La littérature russe a contribué à l'édification du roman national, elle en est même le socle et, plus que son histoire, pourtant pleine de bruit et de fureur, elle pérennise une certaine vision du monde. Ainsi, pour comprendre la guerre en Ukraine, nul besoin de lire les notes...

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