La romancière turque Asli Erdogan lavée des accusations de terrorisme

Un acquittement surprise en Turquie. Asli Erdogan, la bête noire du régime de Recep Tayyip Erdogan (avec lequel elle n'a aucun lien de parenté), qui avait déjà passé cent trente-six jours en prison en 2016, était de nouveau accusée d'"appartenance à une organisation terroriste" pour avoir osé collaborer avec un journal prokurde. Elle risquait plus de neuf ans de prison mais elle a été acquittée vendredi. Militante de longue date, cette intellectuelle originaire de Salonique est issue d'une lignée de militants des droits humains.

Libre, mais privée de son inspiration

Ses propres parents ont été détenus et torturés dans les années 1980 et 1990. Diagnostiquée surdouée, Asli commence à travailler dans le milieu scientifique en intégrant, à 24 ans, le Centre européen de recherche nucléaire avant de bifurquer et de se consacrer à la littérature et aux idées.

Personnage tourmenté, celle qui avait tenté de se suicider, à l'âge de 10 ans puis à 22 ans, vit très mal son incarcération en 2016. Dans la prison de Bakiköy à Istanbul, elle dépérit. Mais le monde à l'extérieur se mobilise et elle est libérée. Elle trouve refuge en Allemagne. Aujourd'hui, Asli Erdogan est enfin libre. Mais en 2018, dans une interview à la presse étrangère, elle avouait ne plus arriver à coucher une ligne sur le papier. À sa sortie de prison, pour se défendre, elle avait soufflé : "Je ne suis qu'une écrivaine…" Ne plus pouvoir écrire, n'est-ce pas là la pire des geôles pour un auteur?

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