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La romancière Sara Omar : "Les laveuses de mort sont de véritables combattantes de la liberté"

"J'écris en Danois mais je pense en Kurde." Le visage de la jeune femme s'illumine. La langue kurde, sa vie, son souffle, sa source d'inspiration. Le fil de son existence, les racines de ce qu'elle est, de ce qu'elle est devenue. "C'est la langue des survivants, c'est très important pour moi." Sara Omar est très belle. De longs cheveux noirs et une mèche blanche sur le côté droit. On devine, non, on sait que cette magnifique chevelure fut un temps, cachée. Il ne peut en être autrement lorsqu'on est née dans une famille conservatrice de Sulaymānīyah, au Kurdistan. "Ce fut une grande partie de ma vie, souffle-t-elle, mais j'ai fini par me poser des questions, par interroger, et puis de toute façon une victoire ne se gagne pas sans sacrifice."

La mort fut longtemps comme une auréole maudite. Il y eut la guerre, les bombardements, un grand destin géopolitique dans cette partie du monde convulsé, incompréhensible aux yeux d'une fillette. Puis, plus tard, il y eut une autre mort, la sienne, dans son monde à elle, qu'elle a tenté de maîtriser, qu'elle a tenté de s'infliger à plusieurs reprises. Une ombre noire la retenant prisonnière, lui faisant perdre sa voix, lui intimant de perdre la vie.

Les forces obscures du Mal. Comme celles qui s'abattent un jour sur la jeune Khanda, au début de son livre. Sa faute : avoir fait du vélo puis saigné. "Je ne peux pas vivre avec une fille souillée, hurle son père, fou de rage." Puis, il lui relève la tête, lui saisit l'oreille et la tranche au...


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