Le roman endiablé de Nathalie Rheims sur Roman Polanski

Il en va du livre de Nathalie Rheims comme de son regard bleu diable : on s'y perd et on s'étonne d'apprécier cette sensation étrange et pénétrante. Bleu diable, c'est la couleur de l'oxymore. L'angélisme de l'azur mâtiné d'éclats méphistophéliques. Comme nul fantasme n'est interdit dès lors qu'il s'agit du Malin – et l'écrivaine le prouve assez dans ce texte –, il ne tient qu'à nous de décider que cette teinte existe. D'ailleurs c'est bien simple : on a eu cette couleur dans la tête de la première à la dernière ligne tandis qu'on suivait la propriétaire desdits yeux dans le dédale de sa conversation avec Lucifer. Nathalie Rheims a en effet convié le diable à un face‑à-face.

Dès la première page elle le tutoie, l'apostrophe et se mesure à lui. "Nous avons rendez-vous, je ne te l'ai pas dit", écrit celle qui porte autour du cou une médaille où est gravée cette phrase de Victor Hugo : "De vos mains grossières, parmi les poussières, écrivez, sorcières : Abracadabra."

Roman, sujet de son roman

Cette rencontre avec le diable ne peut avoir lieu qu'à travers un autre, explique‑t‑elle. Ce sera Roman (Polanski). Le cinéaste dont elle n'écrit pas une fois le patronyme mais 666 fois le prénom – on n'a pas compté, mais c'est le genre de chose dont est capable celle qui confesse un certain goût pour les forces sataniques… Le prénom Roman est tout à la fois l'alibi et le sésame pour mener à bien – ou plutôt à mal – sa quête du diable. C'est la cérémonie des Césars, le 28 février dernier, q...


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