Romain Pissenem, "l'alchimiste" qui fait briller les shows musicaux

Le producteur et metteur en scène Romain Pissenem, le 5 septembre 2024 à Paris (JOEL SAGET)
Le producteur et metteur en scène Romain Pissenem, le 5 septembre 2024 à Paris (JOEL SAGET)

David Guetta, Indochine et les JO de Paris ont un point commun: leurs concerts sont habillés visuellement par le producteur et metteur en scène Romain Pissenem, dont l'obsession est de mélanger "l'histoire, la musique électronique et le spectaculaire."

Côté pile, avec sa société "High Scream" basée à Londres, ce Français de 46 ans produit certaines des plus grandes tournées d'artistes et construit l'univers visuel qui saura donner "du volume" à des concerts désormais imaginés comme des shows.

A son actif notamment, la dernière tournée du groupe pop rock français Indochine, avec un écran vidéo monumental à 360 degrés pour les stades, ou la cérémonie d'ouverture de l'Euro de football 2020 avec l'hologramme du leader de U2, Bono, qui chante le titre officiel composé par le DJ néerlandais Martin Garrix.

Côté face, il fait danser les foules à Ibiza avec son frère Yann, dans leur club Hi-Ibiza avec David Guetta parmi les résidents et dans un hôtel avec scène ouverte géante.

"Ça fait des années que je fais mon petit alchimiste en mélangeant le théâtre, l'histoire, la musique électronique et le spectaculaire", raconte à l'AFP cet hyperactif passionné, qui a démarré ado par le théâtre.

Ou plutôt "l'électro-théâtre", s'amuse-t-il. "C’était en 95-96, les gens me regardaient en mode +t'es un peu fou+. J'ai insisté."

Dimanche, il fera partie de l'équipe aux manettes du spectacle musical en deuxième partie de la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques au Stade de France, au nord de Paris.

- "Traduire l'énergie" -

Autour du thème "Paris est une fête", ce bouquet final réunira 24 DJ de divers courants de la scène électronique française dont Jean-Michel Jarre, Martin Solveig, The Avener et Ofenbach. Charge à lui de faire rayonner leurs prestations, avec des "designs très symétriques".

"Nous, les artistes électro, sur scène, on ne chante pas, on n'a pas de groupe, et Romain arrive très bien à traduire l'énergie de la musique électronique à travers des visuels, avec des écrans, des lasers", loue Valentin Brunel, alias Kungs, qui a acquis une renommée internationale depuis son remix de "This Girl".

A ses yeux, Romain Pissenem a toujours "des milliards d'idées" dont certaines se sont concrétisées par la création de la scène avec laquelle le jeune DJ de 27 ans s'est produit dans des festivals en France et en Europe.

"Je trouve ça très fort car il a vraiment compris comment traduire cette musique, qui est une musique de danse, de fête, de nuit, avec du visuel", ajoute Kungs, qui participera à la cérémonie de clôture.

- "Mélanger tout le monde" -

L'enfance de Romain Pissenem fut pourtant très éloignée des dancefloors. Ce natif d'un village lorrain - Azelot, 400 âmes - a éclos en même temps que la French touch a déployé ses platines.

Outre le théâtre et le monde de la nuit, il s'est employé à casser les frontières entre les genres artistiques, comme avec le Triphasé, une péniche récupérée dans sa région natale qu'il a réhabilitée en "scène hybride entre le théâtre et la fête".

Puis ce fut l'avènement des DJ et, "tout d'un coup, plutôt que de jouer dans de petits endroits, on s'est mis à jouer dans des salles, donc la production est devenue importante, le fait de mettre en images la musique", retrace-t-il.

Mais pas question de renier les valeurs derrière ces évènements à gros budgets. "Faire des spectacles populaires" résonne comme "un énorme compliment pour moi", assure-t-il.

"Je sais que ça fait un peu utopique de dire ça, un peu +gnangnan+, mais de mettre tout le monde ensemble, oublier les différences, mélanger tout le monde, c'est un message très simple mais qui est très important", affirme-t-il.

En participant à sa façon aux JO, Romain Pissenem coche un autre de ses rêves d'enfant, lui qui imaginait "un Cirque du soleil électronique, raconter des histoires au plus grand nombre en faisant des univers visuels incroyables". "Alors quoi de mieux que les Jeux olympiques à Paris ?", sourit le producteur.

En 2025, il continuera d'illuminer les stades, avec déjà deux concerts de grande envergure à son agenda: DJ Snake au Stade de France le 10 mai et David Guetta au Vélodrome à Marseille le 21 juin.

fan/pel/vk