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Roland Marchal évoque des interrogatoires iraniens "surréalistes"

ROLAND MARCHAL ÉVOQUE DES INTERROGATOIRES IRANIENS "SURRÉALISTES"

PARIS (Reuters) - Le chercheur français Roland Marchal, libéré le 20 mars après neuf mois de détention en Iran, évoque dans une interview diffusée mardi des interrogatoires iraniens "surréalistes" et dénonce un système "arbitraire total" en place dans la République islamique.

"Les interrogatoires étaient surréalistes", déclare le chercheur dans des extraits d'interview retranscrits sur le site internet de France Inter. "On me demandait de me souvenir de textes que j’avais écrits il y a 30 ans, de réunions auxquelles j’avais participé il y a 20 ans. J’étais accusé de travailler pour les services français, pour la CIA. Tout cela me semblait complètement privé de sens."

"Ce qu’on me reprochait, c’était de faire de l’analyse politique", poursuit Roland Marchal, rentré en France au lendemain de sa libération.

"En Iran, comme d’ailleurs dans d’autres pays du Golfe, on est en train de prendre la mauvaise habitude de considérer les universitaires comme des espions et de les arrêter parce que ça peut toujours servir. C’est très dangereux et ça remet en cause toute coopération scientifique".

"Si l’Iran veut continuer à attirer des investisseurs, il ne peut pas fonctionner comme cela, en retenant des innocents pendant des mois, avant même qu’on discute de leur libération", ajoute-t-il. "De ce point de vue, en Iran, l’arbitraire est total".

Le chercheur au Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po à Paris avait été arrêté en juin 2019 à Téhéran, avec une autre chercheuse Fariba Adelkhah, sur des accusations entre autres de "collusion en vue d'attenter à la sûreté nationale".

Il a finalement été libéré le 20 mars dans le cadre d'un échange de prisonniers qui s'est soldé par la libération de Jalal Ruhollahnejad, un ingénieur iranien dont les Etats-Unis réclamaient l'extradition pour infraction au régime de sanctions imposé par Washington à la République islamique.

Fariba Adelkhah reste elle détenue en Iran malgré les appels lancés en faveur de sa libération, évoquée de nouveau par Emmanuel Macron lors d'un entretien téléphonique avec le président Hassan Rohani lundi.

"Fariba a tenté de faire quelque chose de très risqué : parler de la société iranienne comme elle est, pas comme on veut qu’elle soit en Occident ou chez les Gardiens de la Révolution", a estimé Roland Marchal. "Ca peut créer des crispations extrêmement fortes".

En janvier, la justice iranienne avait abandonné l'accusation d'espionnage contre la chercheuse - dont Téhéran ne reconnaît pas la double nationalité - qui reste toutefois accusée de propagande contre le système et collusion contre la sécurité nationale.

(Marine Pennetier, édité par Nicolas Delame)