"Roi-soleil", "minable Machiavel" : François Ruffin fustige l'attitude d'Emmanuel Macron
Le député de la Somme estime que le chef de l'État prépare le terrain pour l'extrême droite en faisant le jeu des "libéraux" plutôt qu'accepter un gouvernement issu du NFP.
Péché d'orgueil. François Ruffin, le député de la Somme qui a pris ses distances avec Jean-Luc Mélenchon, partage la colère des insoumis et du reste du Nouveau Front populaire (NFP), après la décision d'Emmanuel Macron de ne pas nommer de gouvernement issu du NFP, malgré le résultat des législatives.
Dans les colonnes de Libération ce mardi 27 août, cette figure populaire de la gauche, qui siège désormais chez les Écologistes après une rupture avec les insoumis, fustige la démesure du chef de l'État et sa façon, d'après lui, de garder le pouvoir entre ses mains.
La position du chef de l'État n'étonne pas le fondateur du parti Picardie Debout. "Rien de neuf sous le roi-soleil de Macron : depuis sept ans, 'la démocratie, c'est moi'", moque-t-il dans une interview publiée dans le quotidien.
Macron ouvre un boulevard pour l'extrême droite
"Roi-soleil", "déni de démocratie", "minable Machiavel"... François Ruffin, silencieux jusqu'à présent sur le déroulé des concertations des forces politiques à l'Élysée, ne mâche pas ses mots quant à l'attitude du président.
"Aujourd'hui, le souci, c'est de mettre une limite à Macron, à son hubris", a-t-il déclaré. Et avec lui, "au bloc libéral" qui multiplie les coups de force, terrifié de perdre la main, explique l'élu de la Somme. Une voie royale pour la montée de l'extrême droite, d'après lui.
"Le bond du vote RN, plusieurs millions d'électeurs en plus, c'est directement lié à cette manière de faire : si c'est ça la démocratie, à quoi bon la démocratie ?", observe-t-il.
En ne choisissant pas Lucie Castets, François Ruffin estime qu'Emmanuel Macron, à nouveau, participe à la montée de l'extrême droite dans les urnes. "Ce sera le RN. Mais certains libéraux préfèrent l’extrême droite à la gauche", déplore le parlementaire qui fera sa rentrée à Flixecourt samedi 31 août, dans son fief picard.
Un avis partagé par la candidate déçue de l'alliance de gauche, Lucie Castets, qui a accusé Emmanuel Macron d'"ouvrir les portes de l'Élysée au RN", dans un entretien à Ouest-France publié mardi 27 août.
"Une porte de sortie honorable"
"Emmanuel Macron poursuit dans le déni, comme s'il n'avait pas essuyé une défaite, comme s'il détenait les manettes", poursuit François Ruffin dans Libération. Avec un gouvernement du Nouveau Front populaire, l'élu estime que la gauche offrait "une porte de sortie honorable" à la macronie, qui n'a pas réussi à obtenir ne serait-ce qu'une majorité relative aux législatives tout en bénéficiant du désistement massif des candidats de gauche, au nom du barrage républicain.
Le locataire de l'Élysée justifie sa position en affirmant qu'un gouvernement issu du NFP sera immédiatement censuré par l'Assemblée nationale. Le Nouveau Front populaire appelle à la mobilisation générale citoyenne, à la suite des associations étudiantes. Les insoumis ont appelé à manifester le 7 septembre. Une invitation acceptée par les Écologistes, mais qui fait encore débat à ce stade au Parti socialiste et chez les communistes.