Rodney Saint-Éloi : « Le verbe le plus utilisé en Haïti est “partir” »

Rodney Saint-Éloi est l'invité de notre nouvelle causerie.
Rodney Saint-Éloi est l'invité de notre nouvelle causerie.

Quand il fait triste Bertha chante, paru aux éditions Héloïse d'Ormesson et qui a figuré dans la sélection du prix France Télévisions 2022, est un roman de la vie, même s'il est en forme de tombeau pour une mère disparue trop tôt (72 ans), aux États-Unis, où vivait Bertha. Elle qui ne s'est jamais relevée d'une chute sur les marches de l'église. La mère de l'auteur est une mère courage comme tant d'Haïtiennes, femme noire modeste et travailleuse qui aura quatre enfants de pères différents. Saint-Éloi, né en 1963 dans la petite ville de Cavaillon en Haïti, homonyme de celle du sud de la France, est l'aîné des quatre, fruit d'une union improbable et fugace entre un pharmacien et la jeune Bertha, qui était employée dans sa famille. Choc des classes sociales et une relation père-fils qui tiendra dans la petite enveloppe remise par le premier au second. Une chance, un avenir en vue, dans le quartier, on appelle déjà le petit garçon « docteur », « ingénieur », ou encore « avocat »… Il a la meilleure éducation et le devoir de ne pas décevoir.

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Dans ce roman grandement autobiographique, qui s'ouvre sur les obsèques, ô combien, révélatrices de ce que signifie l'exil, on voit grandir celui qui est avant tout poète, avec notamment Nous ne trahirons pas le poème et autres recueils (éd. Points, 2021), qui était une belle entrée en matière. Il est aussi éditeur, installé à Montréal, et a quitté Haïti en 2001. Tout un [...] Lire la suite